Il y a de plus en plus de départs à la retraite, toutes formes confondues, dans le secteur de l'éducation. Il est bien vrai qu'il s'agit d'un droit, mais ces départs qui augmentent d'une année à l'autre risquent de faire mal à l'école algérienne en matière de qualité de l'enseignement. Selon le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie, il y a entre 15.000 et 20.000 départs, chaque année, tous paliers confondus. Selon lui, 50% des enseignants ont à leur actif 20 ans de service, soit le seuil minimum requis pour une retraite anticipée. Achour Idir explique ce désir précoce de quitter l'enseignement par diverses raisons. Il cite, entre autres, les conditions dans lesquelles exercent les enseignants. Il a reconnu que ces départs auront un « impact négatif » sur la qualité de l'enseignement. C'est pourquoi, il appelle le ministère de l'Education nationale à rappeler ses retraités, « utiles au secteur ». A titre d'exemple, il suggère à ce que ces derniers soient appelés à prendre en charge la formation des nouveaux enseignants. De peur de voir le niveau scolaire baisser, le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, se dit favorable à la mise en place de mesures exceptionnelles. Faire appel aux retraités est l'une des solutions préconisées pour pouvoir garder le niveau scolaire. Comme il n'est pas contre l'idée de faire signer à ces derniers des contrats d'une année renouvelable, le temps de former les nouveaux enseignants, car Amoura est catégorique : le niveau des nouveaux enseignants frais émoulus de l'université « laisse à désirer ». Pour lui, la violence et l'indiscipline non maîtrisées à l'intérieur des établissements scolaires avec, dans certains cas, la démission de l'administration et des parents d'élèves, sont autant d'éléments qui poussent de plus en plus les enseignants à penser à prendre une retraite anticipée. Et, bien sûr, « s'ajoutent les caractéristiques du métier qui est usant ». Pour sa part, le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a estimé que le nombre de départs à la retraite est important et augmente d'une année à l'autre.Il a affirmé que ce dossier se doit être pris en charge par le gouvernement car le risque de voir l'enseignement se vider de ses cadres n'est pas une vue de l'esprit. Le SG du Snapest demande, comme solution radicale, l'idée d'aller vers une refonte pédagogique du système éducatif. Pour ce qui est des facteurs qui sont derrière ces départs, Meziane Meriane a évoqué les conditions de travail qui ont changé avec la surcharge des classes, l'insécurité, sans oublier bien sûr que le métier est épuisant. « L'école algérienne est devenue un enfer pour les enseignants », regrette-t-il. Selon lui, ces départs seront néfastes pour la qualité de l'enseignement. « On ne peut pas remplacer aussi facilement un enseignant qui a un capital d'expérience de 20 ans », souligne-t-il. Et d'ajouter, comme solution, la possibilité de faire appel aux retraités mais à condition que l'on procède à quelques aménagements, notamment en matière de volume horaire qui doit être plus souple. La retraite anticipée était une mesure exceptionnelle adoptée par les pouvoirs publics dans les années 1990. Fixée par le décret 94-10 du 26 mai 1994, la retraite anticipée stipule que l'intéressé doit avoir au minimum 50 ans d'âge (45 ans pour les femmes) et réunir un minimum de 20 ans d'activité.