Il y sera procédé à l'évaluation des réformes et à une révision des programmes scolaires. Il est attendu de passer au peigne fin près de 400 propositions émanant des différentes rencontres organisées auparavant au niveau des wilayas en 2013. Les travaux de la conférence se dérouleront à travers cinq conférences et huit ateliers thématiques avec une moyenne de cinq communications par atelier. Les débats aborderont l'ensemble des problèmes que connaît le secteur de l'éducation. Et là, il y a du pain sur la planche. Dix ans après, le ministère de l'Education fait le bilan de la réforme après que celle-ci ait montré ses limites sur le terrain à travers des résultats scolaires décevants. Le processus de réforme du système éducatif, lancé en 2003, a été mis en œuvre sans cohérence ni coordination, confesse la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Puis, il y a les partenaires sociaux, syndicats, parents d'élèves. Ceux-ci estiment que les précurseurs de la réforme actuelle ont laissé partir à vau-l'eau le système éducatif. De leur côté, des pédagogues, mais aussi et surtout des enseignants universitaires, ont témoigné que les élèves, une fois admis à l'université, trouvaient toutes les peines du monde à suivre leur cursus avec comme résultat, un taux d'échec à la première année universitaire de 60%. L'alerte est donnée. Aujourd'hui, le constat est connu par toute la famille éducative : des rythmes scolaires insupportables, surcharge des programmes et des classes, manque d'encadrement avec un déficit remarquable d'enseignants... A cela il y a lieu d'ajouter l'inadéquation entre le programme et le volume horaire. En outre, les formateurs, faute de formation adéquate, n'arrivent pas à assimiler la méthodologie d'approche par compétence suivie dans la réalisation des cours. Le mal, c'est aussi la lourdeur du cartable, la mauvaise orientation des élèves à chaque fin de cycle, le manque de cohérence entre les cours... C'est dire combien la plaie est profonde. C'est pourquoi Mme Benghebrit place la priorité dans la refonte pédagogique. Mais aussi la professionnalisation de l'ensemble des acteurs du système éducatif et la bonne gouvernance. Trois leviers sur lesquels la nouvelle reforme doit s'appuyer, selon elle. Y arrivera-t-elle ? L'avenir le dira. Ce qui est certain, la première responsable en charge du secteur a couché sur son agenda le respect du temps de l'enseignement, la validation des programmes et l'élimination du seuil qu'elle qualifie d'acte antipédagogique. Le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, a favorablement accueilli le tenu de ce cette rencontre. Selon lui, il s'agit de la continuité du travail déjà accompli l'année dernière. Il insiste, histoire de mettre la pression, à ce que cette rencontre soit sanctionnée par des actions concrètes à même de corriger les insuffisances de la réforme. Pour cela, il estime que le ministère doit passer aux actes. « D'autant qu'il y a, ajoute-t-il, du pain sur la planche. » Il cite particulièrement la réorganisation des examens, l'allégement des programmes, le dossier des rythmes scolaires, mais aussi les conditions de travail des enseignants, notamment les préoccupations socioprofessionnelles. Pour sa part, le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, estime que ce rendez-vous est une opportunité pour « remettre » sur la table les dossiers de l'allégement des programmes, la révision du système du bac en optant pour l'organisation des épreuves anticipées, la réintroduction du cours de la logique dans l'enseignement des mathématiques, l'encouragement de l'enseignement des langues étrangères, maillon faible du système éducatif. Toutefois, le Satef croit dur comme fer que rien ne peut se faire sans volonté politique. L'Union nationale des travailleurs de l'éducation et de la formation (UNPEF) estime que cette rencontre est venue à temps pour corriger les lacunes du système actuel. Elle estime impératif de sortir avec des résultats tangibles et concrets afin de redorer le blason de l'école publique. Même constat de la part du président de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves (Fnape), Hadj Bachir Dellalou. Celui-ci observe qu'après dix ans de mise en œuvre, le « temps est venu de passer à l'évaluation ». Pour lui, il faut laisser le soin aux pédagogues, loin de toute de pression, de mettre en œuvre une réforme moderne et surtout pédagogique. La famille éducative est presque unanime sur la nécessité de revoir l'organisation du système des examens. Mais sur la procédure, les avis sont partagés. Même la ministre n'a pas voulu avancer la moindre information sur le sujet. Commençons d'abord par l'examen de fin du cycle primaire. Syndicats et associations des parents d'élèves estiment qu'il faut supprimer la deuxième session. Argument avancé : elle n'a aucune utilité du moment que 99% des élèves passent d'office. Pas de chamboulement par contre pour le BEM. Il semble que les modalités suivies jusque-là ne posent pas problème. Ce qui n'est pas le cas pour le baccalauréat. L'urgence, notamment après les derniers résultats peu satisfaisants, de revoir le mode opératoire est souhaitée par tous. D'après la première responsable du secteur, plusieurs hypothèses sont retenues. Elle cite, entre autres, l'organisation d'épreuves anticipées. Autrement dit, un bac en deux parties. La première se déroulera en deuxième année secondaire où les élèves seront examinés sur les matières secondaires alors qu'en terminale, deuxième partie, ils ne subiront l'examen que sur les matières essentielles. Avantage : elles permettront de réduire la durée du bac et par ricochet le stress pour les candidats. Mme Benghebrit cite aussi la fiche de synthèse, l'instauration d'une deuxième session, une manière de donner une seconde chance aux élèves. En tout état de cause, la rencontre d'aujourd'hui est cruciale pour le devenir de l'école de demain. N'est-il pas temps de rendre à cette dernière ses lettres de noblesse ?