Photo : Lylia M. C'est la course aux diplômes au niveau de la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Nombreux sont en effet les détenus qui se sont remis aux études après les avoir négligées pour verser dans la délinquance. Les prisonniers ont pris conscience de la chance qui leur est offerte pour s'évader de la routine quotidienne de la prison à l'image de ce dealer condamné à huit années de prison ferme dans une affaire de drogue qui s'est remis à ses cahiers et ses livres pour décrocher son BEM l'année dernière. Son objectif prochain : décrocher le BAC. «De la prison à l'université, tel sera mon parcours avec le temps qui me reste à passer dans la maison d'arrêt», rassure-t-il sa mère. Une mère heureuse de voir enfin son enfant redevenir sage après que la rue le lui ait enlevé pour en faire un dealer. En effet, il a entamé depuis le mois de septembre dernier son cursus secondaire au même titre d'ailleurs que 94 autres détenus qui tenteront de décrocher le sésame de l'université au mois de juin prochain. Et lorsque l'on sait que chaque réussite à un examen c'est un certain nombre d'années d'emprisonnement qui sont défalquées en fonction du titre décroché, on comprend dès lors cet engouement pour les études et la formation professionnelle chez les détenus. «Cette année, 1.259 détenus suivent des études en milieu carcéral dont 94 pour préparer le BAC et 218 le BEM alors que 37 autres suivent actuellement des études universitaires en semi liberté ou liberté conditionnelle ou sous forme de permissions de courte durée», souligne le procureur de la République près la cour de Tizi Ouzou, Mohamed Lamine Lazizi. Pour ce qui est de la formation professionnelle, ils sont 446 détenus à suivre un stage pour un métier alors que 186 autres suivent des cours d'alphabétisation. «La prison n'est plus cet endroit austère où l'on est enfermé dans une cellule sans aucune activité. C'est désormais un endroit où l'on dispense le savoir», affirme Mohamed Lamine Lazizi. Tous ces détenus espèrent suivre l'exemple de leurs camarades de cellule qui ont purgé leur peine et qui se retrouvent aujourd'hui, pour certains, à la tête de micro-entreprises qu'ils ont eux-mêmes créées grâce à ce programme d'insertion à l'exemple de ces 22 détenus qui ont décroché des micros-crédits dans le cadre du dispositif d'insertion des jeunes après avoir obtenu leur diplôme en prison. Par cette politique de formation, les pouvoirs publics espèrent faire baisser le taux de récidive qui est de l'ordre de 40%, selon le ministère de la Justice. Une récidive qui est souvent la conséquence de la marginalisation sociale. La dernière trouvaille de la cour de Tizi Ouzou pour que le détenu ne soit pas totalement coupé de son environnement extérieur est cette louable initiative d'organiser un match de football entre les détenus et les anciennes vedettes de la JSK en présence de certains joueurs actuels. Une initiative qui a été très favorablement accueillie par les détenus eux-mêmes mais aussi par les anciens de la JSK qui se disent prêts à rechausser les crampons une autre fois pour donner la réplique aux détenus surtout qu'ils ont une revanche à prendre, eux, qui au final, avaient été battus (4-5).