Le service extérieur de réinsertion, où vont travailler des psychologues, des psychiatres et des médecins chargés du suivi social et psychologique des anciens détenus au sortir de la prison, va incessamment ouvrir ses portes, selon les déclarations de M. Noureddine Fkaïer, procureur général près la cour de Annaba. Ce service, situé en plein centre-ville, est très attendu par les familles des détenus, qui comptent beaucoup sur son personnel spécialisé pour redonner une nouvelle chance dans la vie à leurs enfants qui ont payé leur dette envers la société. La nouvelle politique en matière de réinsertion active aussi dans les maisons d'arrêt comme celle de Bouzaâoura pour les hommes où 16 détenus viennent d'obtenir un diplôme en jardinage, entre autres métiers, et qui seront embauchés à leur sortie par les services de la wilaya et de l'APC, qui a un grand besoin de jardiniers. C'est la première fois qu'une telle spécialité est enseignée à Annaba, et sanctionnée par un diplôme. D'autres filières relevant de l'agriculture (un secteur boudé par les jeunes demandeurs d'emploi) comme l'élevage des volailles est aussi au programme du secteur de la justice. Le procureur général devait en outre parler de l'application d'un travail d'intérêt général (TIG) qui est proposé aux délinquants primaires. “Nous sommes en train d'inciter les prisonniers à adhérer à cette alternative de travail au niveau des entreprises étatiques, mais les débuts sont laborieux, il faut du temps pour faire assimiler cette nouvelle option offerte, qui consiste pour les détenus à passer la moitié de la durée de leur peine dans le cadre du TIG. Même chose pour les chefs d'entreprise, ils doivent se faire à l'idée d'embaucher des détenus, nous devons vaincre la réticence de part et d'autre. Bien sûr, il s'agit de personnes choisies, seuls les "primaires" sont retenus, qui purgent une peine ne dépassant pas les deux ans, et pour certains délits. Sont exclus les récidivistes.” Interrogé sur la récidive estimée il y a quelques mois à près de 60% au niveau de la wilaya de Annaba, le magistrat (qui n'a pas confirmé ce chiffre), devait préciser qu'il s'agit là de délinquants notoires habitués depuis des années à la prison, ajoutant que de nombreux autres sont cependant revenus dans le droit chemin, et que la justice attend beaucoup de ce programme de réinsertion récemment mis en place, en direction notamment des jeunes qui en sont à leur premier mauvais pas pour des peines légères, et qui se retrouvent derrière les barreaux suite à des actes commis dans un moment d'égarement. “Ce sont ceux-là qu'il faut récupérer à tout prix.” Les autres, du moins la majorité, suivront tous seuls, si le centre de réinsertion réussit à les aider à s'en sortir, aidé en cela par l'attitude positive des citoyens vis-à-vis de ceux qui se réinsèrent dans la société, décidés à rester désormais dans le droit chemin.