Les experts en économie estiment que l'opération de bancarisation des capitaux informels ne peut réussir que par la suppression de la taxe forfaitaire de 7%. Pour eux, cette taxe est un obstacle pour une première opération d'absorption des capitaux informels qui doit impérativement réussir pour retrouver cette confiance entre les institutions financières nationales et les détenteurs de capitaux hors du circuit bancaire. Les économistes qui qualifient cette initiative de courageuse, estiment également que le développement du marché financier, l'amélioration des recouvrements fiscaux et la bancarisation des capitaux informels pour diversifier le financement de l'économie par des moyens extrabudgétaires, restent tributaires d'une politique d'ouverture et d'incitation. Pour l'économiste Abdelhak Lamiri, le compte à rebours est lancé et le gouvernement n'a plus de temps à perdre. « L'Etat a accordé un délai de 18 mois pour les détenteurs des capitaux dans l'informel pour régulariser leur situation et nous avons trois ans au maximum pour commencer à puiser dans nos réserves financières. La logique veut qu'il faut aller rapidement dans le changement et pour y arriver, il faut faire des concessions comme par exemple supprimer la taxe forfaitaire de 7% imposée aux détenteurs de capitaux dans l'informel pour qu'ils puissent déposer leur argent dans les banques », a estimé l'économiste. Pour l'expert en économie et consultant international, Abdelmalek Serraï, il ne faut pas limiter le délai de l'opération à 18 mois, mais à 5 ans car c'est une opération « très délicate » qui exige du temps. « J'estime que la taxe forfaitaire de 7% est très élevée car il faut savoir qu'il y a deux catégories de détenteurs de l'argent dans l'informel. Ceux qui ont des centaines de milliards obtenus par le trafic d'armes, de drogue et des opérations d'importation douteuses et ceux qui ont deux ou trois milliards cumulés durant ces dix ou vingt dernières années. Donc, il y a un déséquilibre et il faut le revoir pour inciter tout le monde à s'intégrer dans cette opération », estime Serraï. Pour y parvenir, l'économiste préconise de faire des propositions d'investissement à ces détenteurs de capitaux pour les inciter à adhérer à cette opération de bancarisation. L'expert international, Abderrahmane Mebtoul, a estimé que ce nouveau dispositif ne pourra pas aboutir tant qu'un changement n'est pas opéré dans le système bancaire. « Sans la révision du système bancaire aucun projet n'aboutira ». Mebtoul reste convaincu que l'Etat doit tracer un projet à long terme pour venir à bout de cette défaillance économique. Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) Abdelaziz Mehenni a salué cette décision. « Celui qui n'accepte pas de payer 7% de taxe pour régulariser sa situation financière vis-à-vis de la loi est un fou. Cette proposition est mieux qu'une amnistie fiscale », estime-t-il, et d'ajouter : « en tant que représentant des industriels et producteurs algériens, je salue la décision courageuse du président de la République pour mettre fin à cette saignée qui gangrène l'économie nationale ».