La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a accusé de « naïveté » samedi dernier, les experts australiens ayant validé les accusations de dopage du Sunday Times et de la chaîne de télévision allemande ARD, qualifiant leurs allégations d'« inexactes ». Michael Ashenden et Robin Parisotto, deux spécialistes australiens du dopage, s'étaient appuyés sur la base de données de 12.000 échantillons sanguins récupérée par les deux médias pour conclure que le dopage était beaucoup plus répandu dans l'athlétisme que ce qui était admis jusqu'alors. Une analyse fermement rejetée samedi dernier dans un communiqué de l'IAAF, qui estime que MM. Ashenden et Parisotto ont livré « des affirmations inexactes » et ont fait preuve de « naïveté » en se basant sur des données incomplètes. L'IAAF reproche notamment aux deux chercheurs d'avoir dit qu'elle n'aurait rien fait face aux échantillons suspects, alors même « qu'ils reconnaissent eux-mêmes n'avoir pas directement vérifié et n'avoir pas été au courant des noms des athlètes pris en faute et sanctionnés par l'IAAF ». Et l'IAAF d'enfoncer le clou en accusant les deux chercheurs d'avoir « fait mine d'ignorer que plus de 60 athlètes ont été sanctionnés sur la base de tests sanguins anormaux, tous prélevés depuis 2009, des athlètes qui avant d'être démasqués comme des tricheurs (par l'IAAF) avaient gagné 140 médailles internationales, battu trois records du monde et gagné six grands marathons ». La Fédération mondiale a ajouté avoir trouvé « stupéfiant que deux experts ayant une telle connaissance du code de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et du cadre de la lutte antidopage aient accepté d'analyser une base de données qu'ils savaient avoir été obtenue sans l'accord de l'IAAF ou des athlètes ». Accusations tout à fait injustes Dans un second communiqué, quelques heures plus tard, l'IAAF s'est félicité du soutien du Professeur Arne Ljungqvist, selon qui les accusations la visant sont « tout à fait injustes ». « L'IAAF a fait plus que les autres, avant les autres, et elle est aujourd'hui accusée de n'en avoir pas fait assez, par des gens qui n'ont aucune connaissance de son travail », a regretté le Pr Ljungqvist, ancien président de la commission médicale du Comité international olympique (2003 à 2014) et ancien vice-président de l'AMA (2008 à 2013), cité dans le communiqué de l'IAAF. Dans ce second communiqué, l'IAAF réitère sa volonté « d'attraper les tricheurs », rappelant avoir « puni des athlètes de renom comme Marion Jones », la sprinteuse américaine triple médaillée d'or aux JO de Sydney en 2000 mais privée ensuite de ces titres pour dopage aux stéroïdes. L'IAAF a rappelé également avoir été à l'origine des suspensions pouvant aller jusqu'à quatre ans, comme celle qui a frappé le champion olympique du 100 m 2004, l'Américain Justin Gatlin, de 2006 à 1010. A deux semaines des Mondiaux d'athlétisme de Pékin 2015 (22-30 août), l'AMA a annoncé vendredi dernier son intention de lancer « urgemment » une enquête pour « assurer la protection de la confidentialité des athlètes ». Plus tôt dans la semaine, Sebastian Coe, candidat à la présidence de l'IAAF, avait lui estimé que ces accusations étaient « une déclaration de guerre » contre l'athlétisme.