Ils ne sont pas tous logés à la même enseigne. Comme dans la vie, du reste, les fortunes sont diverses. Il y a ceux qui sont gâtés, d'autres un peu moins. Les rapports aux vacances sont donc variables selon sa posture sociale et ses moyens. Mais quel que soit le bout par lequel on la prend, la façon de concevoir ses vacances ou plutôt son congé annuel traduit un état d'esprit. A l'inverse de ce qui est communément admis, l'attention se focalise sur le train qui arrive à l'heure. Sur ceux qui ont la chance de partir en vacances. Les différentes formules concoctées par les agences de voyage et les tours opérators. On s'arrête longuement sur ce qui s'offre majoritairement, pour les Algériens, à vue. Se détendre en bord de mer. Si pour certains il faut absolument vaquer à d'autres occupations que celles qui auront constitué le boulet de la vie quotidienne, tout au long de l'année, d'autres prennent les choses comme elles viennent. Là, c'est le cas du train qui n'arrive pas à l'heure. Paradoxalement, on en parle peu. Quitte à prendre le poncif à brûle-pourpoint. Les saisons sont accueillies invariablement avec les mêmes habitudes. Souvent par manque de moyens financiers. Après tout, on peut s'évader de différentes manières. Chacun a les vacances qu'il peut. Mais d'abord, pour ne pas donner l'impression que nous vivons sur une autre planète, il faut se poser la question de savoir s'ils sont majoritaires, les Algériens à avoir des projets de vacances. Principalement pour des raisons pécuniaires liées à la disproportion du coût de la vie et le volume des revenus. Du moins pour une certaine catégorie de la population. Le constant souci d'argent a confiné le repos du congé annuel au registre du confort et du souci d'esthète. Tout juste à consentir quelques virées ponctuelles à la plage du coin. Il n'y a pas de statistiques qui déterminent la proportion de citoyens qui voyagent à la recherche de lieux de villégiature. Pas de sondages sur les intentions. Mais on peut constater qu'ils sont nombreux parmi les Algériens de la classe moyenne à aimer savourer les délices de l'été, là où cela s'apprécie, c'est-à-dire dans les stations balnéaires. Mais depuis quelques temps, le tableau a grise mine. Car la voisine Tunisie qui s'offrait à bon marché est mal en point. Mais l'objet de cette chronique n'est-il pas la catégorie de gens qui ne partent pas ? Comment font-ils pour meubler les longues journées moites de l'été ? Par quoi parviennent-ils à distraire leur progéniture ? Où en est le moral à l'approche de la rentrée ? C'est précisément parce qu'ils ne se posent pas ce genre de questions qu'ils se contentent de ce qui est à portée de main : dormir et manger. Accessoirement, consentir une partie de dominos avec les amis, en guise de loisir. Et le cas échéant, suprême bouleversement, repeindre sa maison. Improviser des travaux de réfection. Alors, les vacances, c'est seulement un changement de fatigue. Le mental, après coup ? L'essentiel est de trouver matière à se faire une raison.