A la demande du gouvernement libyen légal et légitime siégeant à Al-Bayda (est), les travaux de la réunion extraordinaire au niveau des représentants des Etats-membres du Conseil de la Ligue des pays arabes ont débuté, hier, au Caire, en présence du secrétaire général, Nabil al-Arabi, et du chef de la diplomatie libyenne, Mohammed al-Daïri. Au menu, un examen de l'appel libyen pour des frappes contre Daech. Dès l'ouverture de la session, fortement attendue, le plaidoyer du ministre des Affaires étrangères libyen, Mohammed al-Dairi, se fonde sur la menace terroriste qui « n'a pas commencé avec l'apparition du Daech, mais avec le groupe Ansar Al-Charia », d'ailleurs porté sur la liste noire des Nations unies. Le réquisitoire établit-il la corrélation indissociable entre la sécurité nationale libyenne et la sécurité nationale arabe ? A la faveur du chaos qui alimente l'hydre terroriste, parti à l'assaut de Syrte et de Tripoli après avoir conquis le prétendu émirat de Derna, la « Libye qui souffre », selon le cri de désespoir du patron de la diplomatie libyenne, est la conséquence de l'incapacité de « l'armée de l'air qui n'est pas capable de mener des frappes contre Daech ». Elle est davantage favorisée par la Libye de la bipolarité qui traduit la profondeur des divergences stériles et pénalisantes, au moment où précisément la nécessité d'un front uni se fait durement et dramatiquement sentir. De la filiale d'Al Qaïda, Ansar Al-Charia, ancrée dans son fief de Benghazi, à la menace de Daech aux portes de Tripoli aux mains de la coalition islamiste de Fajr Libya, les tentacules de la nébuleuse, sous quelques appellations que ce soient, instaurent le règne de la terreur qui enfle les boursoufflures de la guerre des milices. Le massacre à grande échelle de Syrte (150 à 200 morts selon l'ambassadeur libyen en France), commis à coups de décapitation des combattants salafistes et des tribus des Ferjanas, annonce l'ordre de la terreur en marche qui rend utopiques les querelles marginales et la valse hésitation des détenteurs du pouvoir légal et de fait. Cette situation, qui inquiète les pays de la région et la communauté internationale totalement engagée dans la réalisation d'un accord durable, impose la nécessité d'une stratégie arabe. Le scénario des frappes aériennes arabes n'est pas retenu. Mais dans un communiqué, la Ligue arabe a indiqué qu'« étant donné la difficulté de la situation, il y a un besoin urgent de mettre en place rapidement une stratégie arabe qui inclut une assistance militaire à la Libye ». Cette perception est confortée par la position des grandes puissances unanimes à souligner qu'« il n'y a pas de solution militaire au conflit en Libye ». Dans un communiqué commun publié le 16 août, les 6 pays signataires (Etats-Unis, France, Allemagne, Italie, Espagne et Grande-Bretagne) ont réaffirmé « la nécessité urgente pour les parties en Libye de parvenir à un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale qui, de concert avec la communauté internationale, peut assurer la sécurité face aux groupes extrémistes violents qui cherchent à déstabiliser le pays ». Tout semble enfin converger pour faire du gouvernement d'union, attendu « dans trois semaines », annoncera l'envoyé spécial de l'Onu pour la Libye, Bernardino Leon, la pierre angulaire du combat commun contre le défi de Daech.