Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion au Caire, les ministres arabes ont convenu de la nécessité d'une "stratégie commune" pour lutter contre le groupe Etat islamique EI, qui gagne du terrain en Libye, sans autre précision. La Ligue arabe, donc, a promis mardi de soutenir militairement le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale mais ne s'est pas engagée officiellement à mener des frappes aériennes contre ses adversaires islamistes. Samedi, le gouvernement basé à Tobrouk, dans l'est de la Libye, depuis la prise de Tripoli par une alliance islamiste l'an dernier, avait réclamé des frappes aériennes arabes contre les djihadistes de l'EI dans la ville de Syrte, sur la côte méditerranéenne. Le chef de la diplomatie libyenne, Mohamed Dali, a réitéré cette demande mardi devant ses collègues arabes en soulignant que l'armée gouvernementale ne dispose que de deux avions de chasse. Mais d'après son communiqué, la Ligue arabe n'a pris aucune décision officielle en ce sens, se contentant de souligner l'urgence d'une stratégie concertée.
Une demande à débattre L'organisation panarabe, basée au Caire, a publié cet appel après une réunion extraordinaire destinée à débattre d'une demande du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale "d'adopter des mesures pour faire face à la progression de Daech" en Libye. Ce gouvernement avait aussi "exhorté" les "pays arabes frères" à "lancer des frappes aériennes ciblées contre les positions de Daech à Syrte", alors qu'il est lui-même "incapable de faire face à l'EI en raison de l'embargo sur les armes imposé à l'armée" par l'ONU depuis 2011.
"La sécurité nationale libyenne est la sécurité nationale arabe... La Libye souffre", or "l'armée de l'air libyenne n'est pas capable de mener des frappes contre l'EI à Syrte", a déclaré le chef de la diplomatie libyenne Mohammed al-Dairi à l'ouverture de la réunion du Caire. "La Ligue arabe affirme qu'étant donné la difficulté de la situation il y a un besoin urgent de mettre en place rapidement une stratégie arabe qui inclut une assistance militaire à la Libye", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Depuis plus d'une semaine, les combats opposant des habitants aguerris de la ville nord libyenne Syrte à des éléments de Daech se poursuivaient toujours, faisant des dizaines de morts. Malgré que le gouvernement siégeant à Al-Bayda et le gouvernement parallèle installé à Tripoli encouragent les combattants anti-Daech à Syrte, ce groupe extrémiste a cumulé des avancées inquiétantes. Face à cette situation, la communauté internationale, notamment les pays voisin de la Libye, ont affiché leur profonde inquiétude, appelant les parties protagonistes dans ce pays à multiplier les efforts pour réussir le dialogue inclusif et former un gouvernement d'union nationale.
Une menace pour tous les Libyens L'organisation autoproclamée "Etat islamique"EI, Daech constitue "une menace pour tous les Libyens", a affirmé mardi la chef de la diplomatie de l'Union européenne UE, Federica Mogherini, en réaction aux récents actes terroristes commis par les éléments de ce groupe armé à Syrte. "Les actes terroristes commis à Syrte, y compris les bombardements aveugles et l'exécution des prisonniers, montrent que les extrémistes profitent du vide sécuritaire dans le pays pour élargir le cercle de la violence et cibler davantage de citoyens libyens", a indiqué Mme Mogherini dans une déclaration de presse. "Nous demandons donc à tous les acteurs politiques et militaires en Libye de faire preuve d'esprit de responsabilité et de compromis nécessaire afin de finaliser l'accord politique et de former un gouvernement d'entente nationale", a-t-elle souligné. La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité a estimé que cela "permettra au peuple libyen de faire face, d'une manière unie, à la menace croissante que représente Daech, et d'apporter la paix et la sécurité au pays". L'UE "est prête à soutenir un gouvernement d'entente nationale dès qu'il est établi, afin que les Libyens puissent rapidement bénéficier de cette évolution vers la paix et la stabilité", a-t- elle ajouté. De violents combats ont éclaté la semaine dernière entre des habitants de Syrte et des éléments de l'EI qui contrôlent la ville depuis juin. Les affrontements ont fait des dizaines de morts et les terroristes ont exécuté au moins 34 personnes.