La Ligue des pays arabes a donné hier son quitus politique pour une action militaire contre les troupes de Daech en Libye sans pour autant en préciser les contours. Convoquée à la demande libyenne pour examiner «les moyens de permettre au gouvernement légitime libyen de faire face aux différents défis, d'étendre son contrôle sur l'ensemble du territoire libyen et d'assurer la protection de la population», la Ligue a tenu, ce mardi au Caire, une réunion extraordinaire au niveau des délégués permanents où elle a appelé à mettre en place d'urgence une stratégie arabe pour aider militairement le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale à lutter contre Daech. Une décision qui n'annonce pas pour le moment le lancement de frappes aériennes contre les positions des hommes d'El Baghdadi à Syrte, comme demandé par Al-Bayda, là où siège le gouvernement d'Al Thani, incapable de répondre militairement en raison de l'embargo sur les armes imposé à l'armée par l'ONU depuis 2011, a affirmé le chef de la diplomatie libyenne, Mohamed Al-Dairy, à l'ouverture de cette réunion. La Ligue a souligné l'urgence d'une stratégie d'aide arabe qui inclut une intervention militaire. Pourtant, en mai dernier, cette même Ligue mettait l'accent sur l'importance d'aider les parties libyennes à parvenir à une issue politique «loin de toute ingérence étrangère dans les affaires internes du pays», soutenant par là les efforts de l'ONU et de son envoyé spécial, Bernadino Leon. Rappelons que l'Egypte et les Emirats arabes unis ont mené ces deux dernières années, pour des raisons diverses, un nombre limité de frappes aériennes en Libye contre des positions de Daech et des milices islamistes. Depuis près de dix jours, des combats opposent des habitants de Syrte (nord de la Libye) qui veulent chasser les éléments Daech qui ont pris son contrôle en juin dernier. L'Etat islamique profite du chaos qui règne en Libye, divisée entre nationalistes et islamistes, depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, pour s'imposer militairement sur le terrain. Face à cette situation, des pays voisins comme l'Algérie et la Tunisie appellent à une solution politique en Libye, en formant un gouvernement d'union nationale, pour affronter les armées de Daech alors que les pays du Golfe et l'Egypte privilégient une option militaire. Le Caire mène une bataille diplomatique, à la fois à l'ONU pour pousser à une intervention militaire internationale en Libye, et à la Ligue arabe, pour la formation, annoncée en mars, d'une force arabe destinée à combattre les groupes djihadistes dans la région, principalement en Libye.