Ali et ses trois enfants ne sont pas partis en vacances. Ce n'est pas faute de moyens, pour cet employé d'Air Algérie qui habite à deux pas de l'Aéroport. Il avait pensé d'abord à la Turquie puis il a fait ses comptes. Il a préféré se rabattre sur un séjour à Mostaganem d'une semaine. Il construit une maison dans la région de Médéa et son épouse attend un nouvel enfant. Il sait que sa décision, approuvée par sa femme, a quelque peu déçu le garçon qui a obtenu son BEM et attendait une récompense. « C'est pour cela que je le ramène au centre de Bab Ezzouar aujourd'hui, mais on va ailleurs aussi. Je ne fais pas le radin et puis il y a toujours des choses à voir et à découvrir », se justifie-t-il. Comme lui, beaucoup ne viennent pas pour remplir un caddie ou profiter uniquement des soldes et des rabais sur les vêtements et chaussures durant ce mois. Outre les boutiques, le centre accorde une place aux loisirs des jeunes, disposant notamment d'un bowling qui accueille toujours des dizaines de jeunes et moins jeunes. Les plus petits s'adonnent aussi à des activités ludiques et saines propres à leur âge, comme se déguiser ou peindre. Une nouvelle culture C'est aussi une foule aussi importante qui se presse chaque jour dans les travées et les couloirs bourdonnants d'Ardis, devenu une des destinations les plus prisées par les habitants d'Alger et même de villes environnantes comme Blida, Boumerdés ou Tizi-Ouzou. « C'est certes un centre commercial, mais je ne viens pas ici seulement pour l'achat de produits alimentaires ou de détergents », confie un médecin de l'hôpital de Bouira. A la sortie ouest de cette ville, une grande surface propose presque tout. « Par contre, ce n'est pas dans notre ville écrasée de soleil, où les gens se terrent chez eux, que vous pouvez avoir un tel espace », ajoute-t-il. Il est certes venu en famille pour découvrir les Sablettes dont il a tant entendu parler à travers la radio et même lu dans les journaux. Mais pour lui et ses enfants, visiblement heureux d'avoir enfin connu la projection en 9 D, « Ardis est un bon endroit où l'on ne s'ennuie pas ». Ils ont mangé, certes un peu cher, mais les enfants ont adoré la sortie vers le rivage devenu le lieu de ralliement de centaines de familles qui déjeûnent à l'air libre, déposant plats et victuailles sur les tables en bois. La direction du centre accorde un intérêt particulier à ce volet qui s'est traduit par l'implantation durant tout le mois de Ramadhan d'un chapiteau pour jeux de cirque. Les Algériens, depuis quelques années, découvrent de nouveaux modes de consommation. Ils n'ont plus à compter sur la petite épicerie du quartier ni sur les magasins étatiques, symboles pour toute une génération de pénuries. Après les superettes apparues dans tous les quartiers, des centres plus spacieux ont essaimé. « Family Shop » fait courir tout Blida. Les signes de la société capitaliste sont là. Ils ont émergé en même temps que s'est exprimé un désir de mieux vivre et mieux être des classes moyennes. L'Algérien ne se contente pas de l'acquisition du véhicule ou de l'achat de l'appartement. Il est aussi à la recherche d'un confort, d'un mode de vie qui l'inscrit dans la modernité. Il adopte des gestes et des attitudes qui dénotent une meilleure exigence dans sa façon de vivre. Garer, pouvoir choisir ses articles, sans devoir négocier un prix, font partie de la nouvelle culture qui se met en place. Dernier né de ces endroits où l'activité commerciale bat son plein, le Carrefour situé dans le quartier des Bananiers, dans la banlieue est d'Alger. Depuis son inauguration, il attire aussi de nombreux clients en quête de bonnes affaires mais aussi d'espèce de détente. « Dans ce genre d'endroits, on vient aussi passer d'agréables moments. Les enfants ont un coin pour jouer », souligne cette mère de famille accompagnée de ses enfants qu'elle a laissés sans crainte près des toboggans. Ces espaces de jeux, on en trouve aussi à Galaxy Air, à Aïn Naadja, où se pressent chaque jour des milliers de personnes qui, comme partout, cherchent à joindre l'utile et l'agréable.