La Russie est prête à considérer l'envoi de troupes au sol en Syrie si le président Bachar al-Assad lui en fait la demande. « S'il y a une demande (de Damas, ndlr), celle-ci sera naturellement discutée et évaluée dans le cadre de nos contacts bilatéraux », a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, cité, hier, par l'agence de presse publique russe Ria Novosti. « Mais il est difficile de parler de cela alors que cela reste hypothétique », dit-il, prenant le soin de préciser que le soutien militaire de son pays à Damas vise à combattre le terrorisme, à préserver l'Etat syrien et à empêcher la région de sombrer dans « une catastrophe complète ». « Damas demandera à l'armée russe de combattre aux côtés de ses troupes si cela s'avère nécessaire, mais pour le moment, il n'y a pas de soldats russes engagés dans les affrontements en Syrie », a assuré, jeudi dernier, le chef de la diplomatie syrienne, Walid al Moualem. A en croire ce dernier, ce soutien se limite pour l'heure à la fourniture d'armes et à des entraînements. John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, qui s'est entretenu trois fois au téléphone avec Lavrov, son homologue russe, en une semaine, rue dans les brancards. « Cet appui militaire de Moscou au régime du président Bachar al-Assad risque d'intensifier encore le conflit en Syrie », dit-il. Comme plusieurs responsables américains et européens, il affirme que l'implication croissante de la Russie en Syrie l'inquiète. Selon les Américains, les Russes ont significativement renforcé ces derniers jours leur présence dans la province de Lattaquié, fief du président al-Assad. « Moscou, avancent-ils, a construit une base aérienne avancée et une tour de contrôle mobile. » Tout en s'alarmant de cette prétendue présence militaire russe en Syrie, les Américains ont laissé entendre qu'ils sont ouverts « à des discussions tactiques et pratiques avec les Russes » pour renforcer la coalition internationale contre Daech. Ces derniers annoncent que le président va proposer le 28 septembre, à la tribune de l'Assemblée générale de l'Onu, son plan pour créer une nouvelle coalition pour lutter contre Daech. L'ONU relance son initiative de paix Steffan de Mistura, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, veut relancer son initiative de paix. Il s'est entretenu, jeudi dernier, à Damas, avec le régime et l'opposition de l'intérieur. Submergé par l'arrivée des migrants, le Vieux continent veut une solution politique au conflit quitte à trouver un compromis avec le président Al-Assad, dont il exigeait le départ. Une solution qui passerait, selon Mouallem, par la lutte contre le terrorisme. « C'est la priorité et le prélude », insiste-t-il, demandant à l'émissaire onusien plus de précisions sur son initiative de créer quatre comités thématiques avant de « prendre des décisions opportunes ». De Mistura l'a assuré qu'il « s'agit de quatre comités de réflexion et dont les résultats ne sont pas contraignants », précise sa porte-parole, Jessy Chahine. L'émissaire de l'ONU a proposé fin juillet une nouvelle approche sur la base de « discussions thématiques » entre Syriens. A la mi-août, son adjoint, Ramzi Ezzedine Ramzi, a soumis à Damas un document de 60 pages présenté comme un « recueil d'idées » récoltées auprès d'interlocuteurs de l'opposition, du régime et de la société civile. Selon al-Watan, les divergences persistent entre Damas et Moscou d'une part, l'ONU de l'autre, pour résoudre la crise. Pour les premiers, « il n'y a pas de solution politique sans vaincre le terrorisme ». Or, selon le journal, « le plan de l'émissaire onusien est aligné sur les positions de la coalition de l'opposition syrienne, des Etats-Unis, de la Turquie et de l'Arabie saoudite qui veulent que la solution politique précède la lutte contre le terrorisme ».