Le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Jubeir, est resté réfractaire à l'initiative russe de former une large coalition pour combattre le groupe Daech en Syrie, ressassant l'appel au départ du président Bachar al-Assad. Une coalition à laquelle «pourrait éventuellement participer le royaume d'Arabie saoudite et le gouvernement syrien est exclue, cela ne fait pas partie de nos projets», a déclaré Adel Al-Jubeir, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. «L'Arabie saoudite fait déjà partie d'une coalition luttant contre les terroristes», a-t-il rappelé en référence à la coalition menée par les Etats-Unis qui intervient militairement en Syrie et en Irak depuis août 2014. Mais sans grand résultat. Fin juin, Vladimir Poutine a lancé l'idée d'une large coalition comprenant notamment la Turquie, l'Irak, l'Arabie saoudite, mais aussi l'armée syrienne pour combattre de manière plus efficace les djihadistes de Daech. Le chef de la diplomatie russe tente depuis de promouvoir l'idée, comme lors de son voyage la semaine dernière à Doha. Mais l'initiative russe avance lentement et met en lumière les différences d'approche : pour Moscou, Daech est l'ennemi à abattre alors que les pays du Golfe, la Turquie et les Occidentaux insistent encore sur le départ du Président syrien. «Il ne s'agit pas de former une coalition classique avec un chef suprême et des forces armées qui lui obéissent», a précisé Lavrov. «Il s'agit de coordonner les actions de tous ceux qui combattent déjà les terroristes», à savoir les armées syrienne et irakienne ainsi que les Kurdes, «pour qu'ils prennent conscience de leur mission première : lutter contre la menace terroriste» et qu'ils «remettent à plus tard leurs règlements de comptes», a-t-il expliqué. A la différence de Daech, «Bachar al-Assad ne menace aucun pays voisin», a souligné Lavrov, appelant «tout le monde à comparer l'ampleur de ces menaces». «Notre position n'a pas changé (...). Il n'y a pas de place pour Assad dans l'avenir de la Syrie», a insisté pour sa part Adel Al-Jubeir allant jusqu'à accuser le Président syrien «d'être responsable de l'apparition en Syrie du groupe Daech». «Bachar al-Assad fait partie du problème et non pas d'une solution de la crise syrienne», a-t-il encore insisté. Réponse ferme du chef de la diplomatie russe pour qui seul le peuple syrien pourrait décider du sort de son Président. La Russie soutient Damas alors que l'Arabie saoudite réclame le départ du Président de Syrie, où la guerre a fait en quatre ans plus de 240 000 morts. Dans le rôle de médiateur dans le règlement politique du conflit syrien, Moscou va accueillir cette semaine deux délégations de «l'opposition» syrienne, la Coalition de l'opposition jeudi et le Comité de la conférence du Caire vendredi, ainsi que l'adjoint à l'émissaire de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura. R. I.