Autrefois, la maîtresse de maison faisait sortir des placards, lors des évènements familiaux, avec fierté des peaux de mouton blanchies par un lavage répété. Aujourd'hui, souvent elles sont carrément jetées. A chaque fête de l'Aïd El Adha, des milliers de peaux sont ainsi perdues. Le secrétaire général de la Fédération textiles et cuir de l'UGTA, Amar Takdjout, a critiqué, vendredi dernier, sur les ondes de la radio chaîne III, la lenteur des pouvoirs publics dans leur mise en œuvre d'un plan de réorganisation du secteur public marchand, particulièrement la filière textiles et cuir. L'invité de la radio a rappelé l'ampleur de la déstructuration du secteur du textile. Depuis les années 1990, il a perdu plus d'une trentaine d'entreprises publiques et privées et près de 300.000 postes d'emploi. « Il n'y a pas eu de formation depuis au moins 30 ans et le peu de qualifiés qu'il y a sont partis à la retraite », a-t-il affirmé. La collecte de ces peaux durant la fête a été lancée par des tanneurs. Ces peaux de mouton se retrouvent dans les poubelles, alors que le cuir algérien est des plus recherché, selon des spécialistes. La Sarl Sadiep a même lancé à travers l'annuaire des entreprises une annonce. « Je suis à la recherche de cuir ou de peaux de mouton pour les exporter », lance-t-il. La récupération des peaux de mouton reste une opportunité à saisir afin de faire renaître la filière cuir. C'est aussi un moyen de rouvrir les entreprises fermées. Dans les années 90, près de 60 unités existaient sur le territoire national. Il n'en reste que 11 réparties sur Alger (5), Oran (3), Constantine (2) et Jijel (1). Avec le retour de cette activité, c'est non seulement une opportunité de création de postes d'emplois, mais aussi un moyen de préserver un patrimoine, une culture.