La centrale électrique de Hadjret Ennouss, wilaya de Tipasa, a connu, le 15 décembre dernier, un événement fort rare sur l'échiquier des entreprises économiques étrangères activant sur le sol national. En effet, une section syndicale a été, à cette date, officiellement installée en présence du représentant de la direction. «C'est un petit pas pour les 130 employés de la centrale électrique de Hadjret Ennouss, mais c'est un grand pas franchi par les travailleurs des sociétés étrangères ou mixtes ayant investi en Algérie», estime un membre du syndicat local, qui compte désormais dans ses rangs plus de cent adhérents. Ces propos résument la rupture d'un tabou qui freinait toutes volontés ou initiatives de défendre légitimement les droits des travailleurs dans des sociétés étrangères. L'inexistence de structures syndicales dans bon nombre d'entreprises en question a conduit à des débordements qui se traduisent par des sanctions lourdes ou pis par des licenciements abusifs. Et pourtant, comme l'explique un autre adhérent de la section syndicale de la station électrique de Hadjret Ennouss, «la mise sur pied de notre structure syndicale est l'expression de la volonté même des travailleurs, que nous sommes, d'œuvrer de concert avec la direction pour assurer la pérennité de notre société et améliorer le bien-être des travailleurs». «C'est ce qu'ont peut qualifier de relation gagnant/gagnant», souligne, à ce propos, un travailleur. L'idée de la création de la section syndicale qui relève de l'union locale de l'UGTA de Cherchell, remonte au mois d'octobre dernier. « C'est suite à une concertation entre un groupe de travailleurs que l'idée de créer un syndicat a germé. On a pris attache avec les membres de l'union locale de l'UGTA à Cherchell. Ces derniers nous ont conseillés, comme le stipule d'ailleurs la réglementation, de réunir les signatures de 20% de l'ensemble des travailleurs de la société. Chose qui a été satisfaite peu de temps après», raconte un syndicaliste. Et d'ajouter «après avoir répondu à toutes les conditions devant permettre d'ouvrir une section syndicale, on a procédé à la convocation d'une assemblée générale constitutive à l'issue de laquelle nous avons élu le bureau exécutif , le secrétaire général ainsi que deux membres pour la formation du conseil syndical». Actuellement la tâche du bureau est de tracer une feuille de route qui définira les rapports de travail et portera les revendications de la base concernant entre autres, le passage à la qualité de CDI (contrat à durée indéterminée) pour toutes recrues réunissant les conditions, les fiches de poste pour éviter tout éventuel enchevêtrement entre les fonctions des travailleurs, et aussi les promotions. «On projette également de mettre sur pied une commission interne des œuvres sociales et un comité de participation », précise un autre syndicaliste, un autre qui s'empresse de souligner que «le syndicat n'est aucunement, comme le soutiennent quelques-uns, un ennemi pouvant ralentir les performances d'une entreprise». La centrale électrique de Hadjret Ennouss, d'une capacité de production de 1227 mégawatts marque le couronnement d'un investissement mixte entre l'Algérie et la société canadienne SNC Lavalin.