En exprimant ses choix, Bouteflika permettra d'apaiser les débats sur les deux scènes, sociale et politique. Sommet de l'Alliance stratégique hier, discours de M.Ahmed Ouyahia, le 21 février à l'occasion de l'anniversaire du RND, célébration du cinquantenaire de l'Ugta, et enfin discours fort attendu du président de la République, vendredi 24 février. La semaine s'annonce très chargée en activité politique, voire capitale pour les principaux acteurs de la scène politique et sociale. Les «alliés» ont ouvert le bal hier. Divisée sur de nombreux dossiers, le FLN, le MSP et le RND n'en constituent pas moins les principaux animateurs sur l'échiquier politique national. Aussi, les critiques qu'ils s'échangent à l'occasion de leurs différentes sorties médiatiques, résonnent-elles sur l'ensemble de la scène nationale. Le dernier sujet en date qui consacre la «profonde» divergence des «alliés» a trait à l'augmentation des salaires, considérée comme «illégitime» par Ouyahia, et «légitime» par les autres formations de l'Alliance présidentielle. Le chef de file du RND, qui s'est abstenu jusqu'à cette date de faire le moindre commentaire sur les critiques vertement prononcées par ses «collègues», saisira la célébration du 7e anniversaire du parti pour réitérer les positions de principe de sa formation. Son discours pourra être considéré comme une feuille de route pour ses militants, et permettra aussi de rompre avec un silence, à l'origine de nombreuses spéculations. Contacté hier par nos soins, son porte-parole, M.Miloud Chorfi, a été incapable de nous confirmer la présence de M.Ouyahia à la rencontre officielle qui aura lieu à Ibn Khaldoun. «Je ne peux me prononcer sur cette question. Cette décision sera prise au terme de la réunion des bureaux de wilaya». Mais nous avons appris par d'autres sources proches du parti que la présence de Ouyahia à cet important événement est confirmée. «Il n'y a aucune raison objective qui pousserait le secrétaire général du parti à ne pas assister à cette rencontre», ajoute notre source. Ouyahia avait, pour rappel, déjà manqué aux assises de la jeunesse du parti, officiellement à cause de la visite du président brésilien. Dans un autre chapitre, le conseil exécutif de l'Ugta, qui se réunira demain, a limité son ordre du jour à un seul point: la préparation du 50e anniversaire du syndicat, alors que dans les coulisses, des informations ayant circulé ces derniers jours, font état d'un programme plus chargé dans lequel il est question de débattre les questions d'actualité. Joint au téléphone hier, un membre du secrétariat national s'exprimant sous le sceau de l'anonymat nous a déclaré que «le programme n'a connu aucune rectification. Ça ne sera pas la première rencontre du genre que nous tenons. Chaque jour, le secrétariat national se réunit pour ficeler le programme du cinquantenaire». Frappée de plein fouet par une crise de confiance entre la base militante et la direction, l'Ugta n'a jamais été aussi fragilisée que ces derniers mois. Des dizaines de sections syndicales ont décidé à l'unanimité de rallier le mouvement de contestation initié par l'intersyndicale. Après la coordination syndicale des entreprises portuaires d'Alger élargie à d'autres syndicats d'entreprises, c'était au tour des cadres syndicaux de la zone industrielle de Rouiba d'interpeller la Centrale syndicale afin de réunir et de mettre en oeuvre les conditions nécessaires à un véritable sursaut syndical, le 11e congrès de l'UGTA prévu pour le 24 février a été renvoyé au calendes grecques. Idem pour la tripartite. Les critiques ont atteint le premier responsable de l'Ugta, qui a crié à qui veut l'entendre qu'il «est un élu et non pas un responsable». «Je ne dois de comptes qu'à ceux qui m'ont élu et personne ne peut aujourd'hui venir me démettre de mon mandat. Je ne ferai pas de compromission en contrepartie du syndicat», a-t-il martelé lors d'une rencontre organisée par la Fédération nationale des travailleurs retraités (Fntr). Sidi Saïd a reconnu que le combat à mener sera dur et qu'il «refuse de commander un bateau qui va finir comme le Titanic». Cette semaine, et à l'occasion du cinquantenaire, Sidi Saïd va essayer de charmer des millions de travailleurs, en étant porteur d'un message d'espoir. Une mission des plus difficiles, au vu de la conjoncture actuelle. En fait, tout l'intérêt sera accordé au discours du président Bouteflika, qui, apprend-on, s'exprimera le 24 février sur toutes les questions de l'heure. Du côté de l'Ugta, «on souhaite que le chef de l'Etat tranche la question de l'augmentation des salaires». Tout compte fait, la sortie du président de la République est importante à plus d'un titre. En exprimant clairement ses choix, Bouteflika permettra d'apaiser les débats passionnés enregistrés sur les deux scènes, sociale et politique.