Près de six mois après son lancement, y a-t-il un impact de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 » sur la population ? A-t-elle vraiment bouleversé toute une ville et qu'en pensent les Constantinois ? Même s'il est encore trop tôt pour faire un premier bilan et mesurer son impact économique, culturel et touristique, il est tout de même important de donner la parole à une population dont beaucoup d'observateurs considèrent qu'elle est restée en marge de l'événement. Entre chantiers qui n'en finissent pas, des ratages et la programmation des soirées musicales, de vernissage ou de pièces théâtrales distribuées irrégulièrement, force est de constater que les avis restent partagés, entre ceux qui sont satisfaits du déroulement de la manifestation et ceux qui ne le sont pas. « Je ne me sens en aucun cas concerné, il n'y a aucune animation particulière, en dehors de certains boulevards et monuments qui ont changé de visage et de décor. Je n'ai assisté à aucune soirée musicale ou rencontre culturelle, hormis la parade de la première soirée qui était ouverte à toute la population. On n'entend jamais parler des soirées les plus intéressantes, comme la soirée dédiée à Warda ou le concert de Khaled, alors que nous étions prêts, mon époux et moi, à payer les droits d'entrée », regrette Amina, médecin, 36 ans, originaire d'Alger, qui s'est installée à Constantine il y a quatre ans. Les citoyens regrettent surtout un manque de communication de la part des autorités concernées, un reproche que même les médias ont soulevé à plusieurs reprises. Aujourd'hui, même si le comité exécutif de la manifestation tente de rattraper les choses, par le biais notamment de son département de communication qui essaie de corriger ses plans, il n'en demeure pas moins que le mal est fait. « Dès le départ, il y a eu un risque de marginalisation de la population, des artistes et des universitaires. Aujourd'hui, cela se confirme avec les événements qui sont organisés et qui ne trouvent pas de public. Comment expliquer que les trois universités de Constantine restent en marge de l'événement ? Je pense aussi aux spectacles donnés à la salle Ahmed-Bey (Zénith) qui peine à attirer du monde, à l'exception de certains concerts comme celui de Khaled. Cette salle de spectacle est certes un acquis pour la ville, mais je la boycotte en raison du comportement scandaleux de ses gestionnaires et les agents de sécurité. Pour étayer ce constat, il suffit de se déplacer à Ali-Mendjeli, une cité de près d'un demi-million d'habitants qui n'a pour l'heure accueilli aucun événement inscrit dans le cadre de la manifestation », nous dira Djalel B., universitaire et artiste. Au département communication, on privilégie justement le travail de proximité, à travers les ciné-bus, la distribution de journaux et programmes consacrés à l'événement ainsi que des jeux pour enfants et ce, dans plusieurs quartiers. Toute une stratégie lancée cet été et qui commence déjà à porter ses fruits, puisque les familles sont de plus en plus nombreuses à venir assister aux films proposés par les ciné-bus ou encore par le festival de musique symphonique qui s'est déroulé il y a ne quinzaine de jours au TRC et qui avait attiré une foule nombreuse.