Au cours de consultations à huis clos, Ban s'est adressé au Conseil par vidéoconférence, depuis Ramallah (Cisjordanie) où il a rencontré dans la journée le président palestinien, Mahmoud Abbas. Au cours de cette rencontre, il a appelé les dirigeants palestiniens et israéliens à mettre fin de toute urgence à la spirale des violences. Pour sa part, Abbas a pressé Israël de respecter strictement le « statu quo » hérité du conflit de 1967 régissant l'Esplanade des Mosquées, véritable poudrière au cœur d'al-Qods occupée. Au premier jour de la visite, le secrétaire général de l'ONU a rencontré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qu'il a mis en garde contre un usage excessif de la force, tout en pressant les deux camps d'agir vite pour éviter une « dangereuse escalade ». Il a souligné que « le seul moyen de mettre fin à ce conflit est à travers des négociations qui produiront des résultats concrets ». Lors de sa première réunion spéciale, tenue vendredi dernier, le Conseil de sécurité n'a pas réussi à adopter une position commune. Les 15 membres permanents ont prévu une nouvelle session sur la situation, ce matin, en présence de quelques ministres dont la chef de la diplomatie de l'Espagne, qui préside le Conseil en octobre. La France voulait y présenter une déclaration non contraignante pour la protection des lieux saints à al-Qods Est, mais cette initiative a été critiquée par les dirigeants israéliens et leurs alliés américains. De son côté, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui doit lui aussi rencontrer Netanyahu cette semaine puis Abbas et le roi de la Jordanie, Abdallah II, a indiqué mardi qu'il allait attirer l'attention des dirigeants israéliens et palestiniens sur les « fondamentaux » de l'administration de l'esplanade des Mosquées, pour essayer de restaurer le calme dans la ville sainte ainsi que l'ensemble des territoires palestiniens occupés. Le chef de la diplomatie américaine a précisé que, lors de ces rencontres, il aborderait « certains fondamentaux concernant les attentes en matière d'administration de l'esplanade des Mosquées et du mont du Temple et, espérons-le, nous dégagerons suffisamment de latitude politique pour commencer à avancer sur d'autres problèmes. » Toutefois, il a prévenu que « nous devons avoir des attentes très prudentes, être conscients des susceptibilités qui se sont désormais accumulées partout et nous devons avancer avec précaution ». Par ailleurs, un groupe de pays arabes (Algérie, Egypte, Emirats arabes unis, Koweït, Maroc et Tunisie) a soumis, mardi, à l'Unesco, un texte affirmant que le Mur du Buraq est une « partie intégrante » de l'esplanade des Mosquées. Ce « projet de décision » est présenté au moment où l'escalade des violences fait craindre le déclenchement d'une troisième Intifada, signe de la colère palestinienne des tentatives répétées de judaïser le troisième lieu saint en Islam et en l'absence d'une perspective pour un accord de paix global. Les affrontements sont désormais quotidiens et deviennent de plus en plus meurtriers. Après avoir enregistré en trois semaines 43 morts du côté palestinien et 8 du côté israélien, 4 jeunes Palestiniens ont été assassinés, mardi dernier, lors d'attaques contre des Israéliens blessés à al-Khalil en Cisjordanie et à al-Qods Est. Dans la bande de Ghaza, un Palestinien a été tué par des tirs israéliens dans des heurts, le long de la barrière frontalière qui enferme le territoire. Le peuple palestinien est livré à son triste sort, dans l'indifférence de la communauté internationale soumise aux desiderata de l'Etat hors-la-loi.