Le changement climatique semble être l'affaire des écologistes et des spécialistes et non des autorités locales dans différentes régions du pays. Si les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix ont été marqué par une sécheresse chronique à laquelle tout le monde s'était habitué, les années deux mille sont marquées par une pluviométrie importante bénéfique mais ayant causé des pertes humaines et des dégâts matériels importants touchant pratiquement toutes les wilayas. Si la volonté humaine et les moyens sophistiqués que maîtrise l'homme ne peuvent rien contre la nature, celui-ci peut en revanche limiter les dégâts que causent les catastrophes naturelles à travers des stratégies d'aménagement et d'urbanisation qui protègent en premier lieu les vies humaines, en second lieu les biens et, en troisième lieu, les récoltes et les sites névralgiques dont dépend la sécurité globale de la communauté nationale. La prévoyance est le réflexe premier pour tout responsable afin de mieux gérer une catastrophe. Dans le cas des intempéries, la situation est encore plus facile que dans celui du séisme. Car les services de météorologie ont les moyens et les capacités scientifiques d'annoncer à l'avance des bulletins spéciaux alertant les autorités et les citoyens d'une région donnée ou de plusieurs régions. Ce qui donne assez de temps au plan d'évacuation des populations vivant sur les rives d'oueds asséchés dont les crues sont prévisibles. On se rappelle la célérité avec laquelle avaient réagi les autorités de Béchar lors des inondations qui avaient touché certaines localités de la wilaya pour sauver les habitants vivant au bord des oueds qui avaient débordé et emporté les bâtisses vétustes. On peut comprendre que les moyens financiers font défaut pour démolir toutes les constructions au bord des oueds et reloger ceux qui y vivent. La même contrainte s'applique aux habitations construites à flanc de montagne et sur des terrains glissants. Cependant, les autorités peuvent agir en interdisant toute nouvelle construction à risque et intervenir assez tôt pour évacuer les populations en danger. Avant d'en arriver à ces cas spécifiques, n'est-il pas plus judicieux, plus normal, plus logique que les autorités se préparent à la saison des pluies et prennent en compte la réalité du changement climatique qui bouleverse toutes les prévisions et toutes les habitudes ? Ces dernières années, l'Algérie a connu une activité pluviométrique plus importante que celle qu'elle a connue depuis des décades, voire plus. Ces changements et ces situations inhabituelles n'attirent pas l'attention des responsables nationaux et locaux pour assainir les réseaux d'évacuation pendant la saison estivale au lieu de faire du cinéma inutilement quand la catastrophe est déjà là. Dans un pays où l'eau manque, où les infrastructures de stockage d'eau manquent, et où le climat devient de plus en plus capricieux au sens positif, n'est-il pas plus intelligent de concevoir dans toutes les villes à forte pluviométrie des systèmes d'évacuation et de canalisation des eaux pluviales vers des magasins souterrains afin de les exploiter pour les besoins domestiques, industriels et agricoles ? Ces pluies bienfaisantes, nécessaires, vitales deviennent, par l'attitude fataliste, laxiste et irresponsable des responsables incompétents, une malédiction autant que la sécheresse. A. G.