Les Etats-Unis perçoivent des «signaux» positifs en provenance tant de Khartoum que de Juba à quelques heures d'un scrutin qui conduira probablement à la partition du plus vaste pays d'Afrique : les 3.930.916 électeurs sud-soudanais se rendront aux urnes du 9 au 15 janvier pour choisir, loin de «toute forme de violence», leur «destinée» après 55 années de vie commune dont 38 tumultueuses. Comme ils savent qu'il restera après ce rendez-vous électoral de «nombreux sujets non résolus», comme la délimitation d'ici le 9 juillet prochain des 2000 km de la frontière entre le Nord et le Sud et le référendum sur Abyei qui a tous les ingrédients d'un cocktail explosif, ils envoient au Soudan leurs «ténors» politiques. Le sénateur John Kerry qui préside la commission des Affaires étrangères du Sénat, est depuis mardi sur place. Officiellement, c'est pour «encourager» lors du quatrième voyage depuis janvier 2009 un référendum paisible et un accord entre le Nord et le Sud et parler de «nouvelle relation renforcée avec les Etats-Unis» avec ses hôtes «au-delà du référendum» et «quelle qu'en soit l'issue». Avec ceux de Khartoum qui est à un moment charnière de son histoire ? Probablement pas. Washington qui a placé la capitale soudanaise sur la liste noire des pays liés au terrorisme, pousse depuis peu l'opposition à renverser pacifiquement le pouvoir en place. Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat, Colin Powell, l'ancien chef de la diplomatie, et John Danforth, l'ancien envoyé spécial pour le Soudan, rejoindront samedi prochain l'ex-candidat démocrate à la présidentielle en 2004. Comme ces poids lourds de la diplomatie américaine ne semblent pas suffire, ils demandent à la CIA d'actionner Satellite Sentinel, un site Internet consacré à l'observation satellitaire du Sud-Soudan. Une question s'impose : Pourquoi cet intérêt inédit des Américains pour un scrutin programmé depuis 2005 ? La place qu'occupe l'Afrique dans les plans des grandes entreprises US à la recherche de matières premières, dont le Sud-Soudan regorge, ne peut pas tout expliquer. Tout comme l'ouverture d'une ambassade israélienne à Juba. La raison serait-elle l'ouverture par ce référendum de la boîte de Pandore des «intangibles» frontières en Afrique et la découpe à nouveau du continent ?