Plusieurs quartiers de la capitale ont été, depuis mercredi soir, le théâtre de violentes manifestations dispersées, éclatées sur fond de grogne sociale, attisées par la récente augmentation de prix introduite dans de produits de large consommation. Les plus grands quartiers populaires d'Alger, à l'image de Bab El Oued et de Belcourt ont connu des scènes chaotiques. Des émeutes ont éclaté en début de soirée de mercredi dernier (18h) à BEO, avant de se propager peu à peu dans d'autres quartiers. Un attroupement de jeunes, visiblement excités, au carrefour de Triolet, non loin de l'hôpital Maillot, s'est vite transformé en émeute donnant lieu à un imbroglio général sur les lieux. Des jeunes, âgés pour la majorité entre 14 et 20 ans, ont commencé d'abord à jeter des pierres sur le barrage de police, fixé au carrefour, ce qui a provoqué une panique chez les passants qui couraient dans tous les sens. La nouvelle de l'affrontement de Triolet a gagné la célèbre place des Trois-Horloges. En l'espace de quelques minutes, la circulation était bloquée sur tous les axes desservant vers la place des Martyrs, Bologhine, Chevalley et les automobilistes ont été contraints de faire demi-tour. « Il vaut mieux aller faire le tour et passer par Bab Edjdid pour descendre à l'hôpital. La route est fermée ici », réplique un agent de police à un automobiliste désirant, vraisemblablement, se rendre à l'hôpital Maillot. L'accès par véhicule à BEO est, en effet, fermé pendant de longues heures. Sur les artères, les débris de véhicules saccagés et autres magasins défoncés sont visibles, couplés des pneus en fumée. Les échoppes, notamment les magasins d'alimentation générale et les boulangeries, sont prises d'assaut. Le quartier de BEO offre, en cette heure-ci, un décor fantomatique où seuls des adolescents « agités » et les forces antiémeutes sont sur les lieux. Les éléments de la CNS, fortement déployés sur les lieux, ont utilisé des bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants qui ripostent par les jets de pierres. Les commerçants qui gardent habituellement leurs magasins ouverts jusqu'aux heures tardives de la nuit, ont baissé tôt rideau, de crainte d'êtres agressés par des manifestants dans la majorité d'entre eux ne font que profiter de pareilles occasions pour faire leur sale besogne : vol, casse, agression… NUITS BLANCHES À BELCOURT Dans la nuit de mercredi, des adolescents du quartier de Belouizdad sont, à leur tour, sortis dans la rue. La situation a dégénéré au niveau de ce quartier précis, à 22h00. Tout comme à BEO, des manifestants ont barricadé d'abord, à l'aide de pneus et troncs d'arbres, le principal boulevard Mohamed Belouizdad. En sus des rideaux métalliques de magasins arrachés et caméras de télésurveillance endommagés, des pare-brise de véhicules n'ont pas échappé à la grogne des manifestants. Au petit matin, les traces des émeutes sont encore visibles et les agents de Netcom s'attellent à dégager les trottoirs et les voies carrossables des pierres et des restes de pneus brûlés.