La Soudan vient d'enfanter dans la douleur un nouvel état indépendant qui lui ampute sa souveraineté stratégique sur le Sud. Cet événement historique arraché sur la base d'un accord de paix signé entre les dirigeants sudistes et le gouvernement de Khartoum s'est transformé en un laps de temps en partition entre sudistes et Nordistes. La coexistence entre Juba, capitale du Sud Soudan et Khartoum, délimitation des frontières attribution de la citoyenneté au Nord et au Sud, partage des revenus du pétrole. risques de nouveaux dérapages sont multiples. L'enclave d'Abeye qui reste sujette à un référendum pour son rattachement soit au nord soit au Sud reste un point d'orge pour les deux puissantes ethnies Dinka (Arabe du Nord et Asserie (Sudistes). Un report sine die est venu trancher en faveur d'un moratoire salutaire. La solution sur le devenir d'Abeye est une autre épée de Damoclès qui accompagne une politique de fragmentation d'un Soudan. Ce long processus de dépeçage de cet immense pays est sujet à des convoitises étrangères. Dans la prochaine phase, la tragédie du Darfour plongé dans la guerre civile dans le flanc Ouest du Soudan est vite inscrite dans l'agenda des négociations pour faire céder Khartoum sur ces dernières concessions. Pour ce faire, il faudra «forcer la main» des responsables du Nord et du Sud afin qu'ils négocient sur les dossiers les plus cruciaux, affirme Richard Williamson, qui fut l'émissaire pour le Soudan de George W. Bush. L'analyste Marina Ottaway (institut Carnegie) pense que les Etats-Unis retireront le Soudan de la liste des Etats soutenant le terrorisme s'il respecte le CPA. «La capacité de Washington d'offrir des carottes au Nord est toutefois limitée», poursuit-elle, à cause de l'inculpation du président soudanais Omar El-Béchir devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour . Le Soudan vient de se retirer des pourparlers de Doha sur la paix au Darfour, estimant que cela «témoigne d'un manque d'engagement envers des négociations» vers la pacification de cette région de l'ouest du pays africain. Le gouvernement soudanais a retiré vendredi sa délégation aux négociations de Doha (Qatar) sur la paix au Darfour, faute d'un accord global. Khartoum avait toutefois assuré rester prêt à poursuivre les efforts pour pacifier cette région en proie à la guerre depuis plus de sept ans. De leur côtés, les factions rebelles du Darfour, animé par le goût d'une partition dans l'Ouest du Pays entendent plonger Khartoum dans une escalade de violence pour obtenir une partition à leur tour. Vaste région de l'ouest du Soudan, le Darfour est en proie depuis 2003 à une guerre civile à l'origine de 300.000 morts selon les estimations de l'ONU - 10.000 d'après Khartoum - et de 2,7 millions de déplacés.