Avec l'examen du projet de loi de finances pour 2016, les députés renoueront avec les grandes joutes oratoires qui redonnent de l'éclat aux plénières de l'Assemblée populaire nationale. Même si le texte qui sera présenté aujourd'hui par le ministre des Finances n'a pas subi de grands amendements, les interventions seront marquées, à coup sûr, du sceau de la conjoncture économique imposée par l'affaissement de la valeur du baril du pétrole. Et des mesures préconisées par l'exécutif pour réduire les dépenses publiques et relancer la machine économique. En l'espèce, les groupes parlementaires partisans auront à cœur de faire valoir leur propre vision. Et chacun sa recette pour contrecarrer les effets de la crise caractérisée par le rétrécissement des recettes externes du pays. En attendant, l'exécutif a consigné sa politique économique pour 2016 dans ce projet, conçue à l'aune de la nouvelle donne socioéconomique. Il traduit l'intention de l'Etat de réduire les dépenses publiques. Et elles le seront dans une proportion de 9% dans la répartition des budgets de fonctionnement. Il entend surtout optimiser ses ressources financières en luttant contre les facteurs de gaspillage avec en toile de fond un enjeu déterminant pour l'avenir, la relance de l'investissement productif, public, privé et étranger. Si l'augmentation de taxes et impôts peut contribuer à réduire, toutes proportions gardées, le déficit budgétaire, comme cela est prévu pour l'essence et le gasoil, l'électricité et l'eau au-delà d'un certain seuil de consommation, le défi de relancer la croissance économique est plus complexe car tributaire d'un ensemble de paramètres. Le soutien à l'entreprise, la promotion du produit national auquel est censé concourir le rétablissement du crédit à la consommation, l'encouragement de l'investissement productif hors hydrocarbures... font figure d'objectifs prioritaire dans la LF 2016. Tout en tablant sur un taux de croissance de 4,16%, celle-ci renferme une batterie de dispositions en faveur de l'amélioration du climat des affaires qui vont de la simplification des procédures administratives à la réorganisation des conditions d'accès au patrimoine foncier. Tandis que les éléments macroéconomiques et financiers encadrant ce projet de loi reposent sur un prix de référence du baril à 37 dollars et un taux de change à 98 dinars pour un dollar. En dépit de la crise, la loi de finances pour 2016 reconduit la politique sociale de l'Etat à travers le maintien des subventions de certains produits de consommation. Pas plus que ne sont remis en cause les grands projets de développement et de réalisation des infrastructures. Le ministre des Finances, Benkhalfa, a assuré devant la commission des finances de l'APN qu'« il n'est pas question de réduire les salaires ni de réduire le niveau d'investissement public puisque nous maintiendrons le même niveau de budget d'équipement » lequel se chiffre à 3.176,8 milliards de dinars. Pour toutes ces contingences, la LF 2016 n'est pas comme celles de ses devancières de ces dernières années marquées par une aisance financière. Elle porte l'ambition de traduire dans les faits l'intention de bâtir une économie diversifiée qui rendra le pays un peu plus immunisé contre la dépendance aléatoire aux hydrocarbures.