Une vingtaine de ministres et de ministres délégués ont pris part, jeudi dernier à Barcelone, à une réunion informelle à l'occasion du 20e anniversaire du processus de Barcelone, co-présidée par le chef de la diplomatie jordanienne, Nacer Judeh, et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Le conseiller diplomatique du secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UPM), Sergi Farré a affirmé à la fin de la réunion que les discussions étaient « très positives », soulignant qu'il s'agit d'« un message de soutien politique à l'UPM ». Lors de cette réunion, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Abdelhamid Sennouci Bereksi, a mis en exergue l'apport de l'Algérie à l'unité régionale sur les plans maghrébin, méditerranéen et du Sud. Il a émis le vœu de voir l'UPM s'intégrer avec les efforts des pays de la rive sud, contribuant à une zone de stabilité et de prospérité. Compte tenu de la situation que vit la région ces dernières années, marquée notamment par les crises et les conflits, le secrétaire général du MAE a appelé les pays de l'UPM à multiplier les efforts de médiation pour parvenir à une zone méditerranéenne paisible et exempte de conflits. Il a également plaidé pour la promotion d'une approche globale au développement pour réduire les causes profondes de la migration. Après avoir salué les efforts de l'UPM traduits par la labellisation de plusieurs initiatives, le responsable algérien a énuméré les projets, notamment « la station de dessalement d'eau de mer à Ghaza, pour lequel l'Algérie a apporté un appui et une contribution financière, l'autoroute trans-maghrébine, qui une fois parachevée, servira le projet d'intégration maghrébine ». Sennouci Bereksi a cité aussi « les deux gazoducs avec l'Europe, réalisés par l'Algérie, via deux pays voisins, et les projets d'une autoroute transsaharienne et de fibre optique et le projet du gazoduc avec le Nigeria. » Dans ce contexte, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a exprimé le souhait que « la nouvelle Politique européenne de voisinage soit adaptée, globale, inclusive et complémentaire à la coopération bilatérale et régionale ». Concernant la migration qui a atteint son paroxysme ces derniers mois, Sennouci Bereksi a affirmé que la politique migratoire nécessite une « approche globale et intégrée, qui concilie, à la fois, le respect de la dignité humaine, la lutte contre les réseaux criminels de la traite humaine et le renforcement de la coopération au développement entre les pays d'origine, de transit et de destination ». « Elle passe également par la résolution des conflits en Syrie et en Libye », a-t-il soutenu. Sennouci Bereksi a, toutefois, regretté le fait qu' « après deux décennies de partenariat dans le cadre du Processus de Barcelone et puis dans le cadre de l'UPM, aucun progrès notable n'a été enregistré concernant le conflit au Moyen-Orient ». « Pour un nouveau souffle au développement en Méditerranée » Après avoir établi un bref bilan de la coopération euro-méditerranéenne et passé en revue les crises et menaces auxquelles fait face la région, Mme Mogherini a souligné la nécessité de donner un nouveau souffle au développement en Méditerranée. Elle a ajouté : « Qu'il faut aider les pays de la rive sud à exploiter leur potentiel énergétique et agricole. » Mme Mogherini a affirmé que l'éradication du terrorisme, notamment l'organisation Daech, ne pourra se faire que par la résolution de la crise syrienne dans le cadre des négociations de Vienne, mais sans nier toutefois l'importance de l'action militaire. Sans nier les résultats de l'action militaire que mènent de nombreux Etats contre Daech en Irak et en Syrie, Mme Mogherini a jugé insuffisantes ces interventions, qui ne s'attaquent pas au fond du problème. Mme Mogherini a affirmé que ce qui unit les Méditerranéens aujourd'hui ce sont bien les défis, d'où la nécessité de renforcer la coopération selon les principes et les objectifs portés haut il y a 20 ans à Barcelone. « La crise syrienne est une catastrophe pour la Jordanie » et beaucoup d'autres pays de la méditerranée, a-t-il regretté. « C'est le moment ou jamais de répondre à ce défi, puisque nous avons l'occasion de travailler ensemble dans le cadre de l'UPM », estime le secrétaire général de l'UPM, Fathallah Sijilmassi avant de décliner les priorités de la région : « La création de l'emploi, le développement durable et la lutte contre le terrorisme. » Le chef de la diplomatie jordanienne a jugé que « le succès de cette rencontre repose sur les résultats qui en découlent ». Il a annoncé que l'UPM va formuler prochainement une feuille de route pour l'élaboration d'un programme commun, en partenariat avec plusieurs organisations, dont l'UE, afin de renforcer les liens entre les deux rives de la Méditerranée.