Des années durant, la silhouette de Khadra Boudehane était familière à tous ceux qui fréquentaient la salle de la cinémathèque d'Alger. Même dans les pires années du terrorisme, elle était là. Elle était tout dans cette mythique salle qu'elle avait rejointe quelques années après l'indépendance. Elle y a approché de grands noms comme René Vautier, Chahine, Sembene Ousmane, Robe Grillet. Caissière, ouvreuse, elle ne manquait jamais de venir suivre les péripéties d'un film ou les empoignades lors des débats qui suivaient les projections. Qui mieux qu'elle peut parler de l'atmosphère magique des salles obscures, un univers qu'elle a connu et fréquenté durant toute sa vie professionnelle. Elle était déjà présente au Sierra Maestra, quand Ben Bella et Che Guevara ont inauguré la salle en 1964. Elle a toujours un souvenir à partager, une anecdote à raconter sur Bouamari , Allouache ou Momo. Elle égrènera devant la camera ses souvenirs lumineux. C'est tout un pan de la mémoire culturelle qui sera ressuscité à travers sa parole. « Khadra » est partie en retraite, il y a plus d'une dizaine d'années. Elle faisait souvent des réapparitions notamment lors des éditions du festival du film amazigh. Elle revient, cet après-midi, à travers un documentaire de 30 minutes. « Khadra et les autres, une vie à la cinémathèque ». Réalisé par Sihem Merad, il sera projeté à 16h au cinéma El Khayam (ex-Debussy). Cette première est organisée par le HCA (Haut commissariat à l'amazighité) qui a multiplié les initiatives culturelles.