Entre 80.000 et 90.000 élèves, parmi lesquels une majorité de filles, abandonnent l'école entre 6 et 15 ans sur injonction des parents. 200.000 élèves quittent chaque année les établissements scolaires faute d'avoir été assistés. En outre, le redoublement scolaire prend de l'ampleur. Il représente 20% des effectifs des CEM, 30% de ceux des lycées et 8,85% dans le primaire, selon l'inspecteur général au ministère de l'Education nationale. Le président de l'Union des associations des parents d'élèves, Khaled Ahmed, a qualifié ces chiffres d'« alarmants » qui démontrent que l'école algérienne est dans une situation critique. Toutefois, il a estimé que le taux est peut-être exagéré. D'ailleurs, il s'est interrogé sur les critères de cette étude du ministère. Mais il a reconnu que le problème, consistant à empêcher les filles d'aller à l'école, existe, notamment dans les régions de l'intérieur du pays. « Si aujourd'hui 200.000 élèves quittent annuellement les bancs de l'école, c'est que les établissements scolaires ne sont pas dotés de structures d'accompagnement et d'écoute », a-t-il souligné. C'est pourquoi, il a jugé nécessaire de recruter des psychologues. Comme il a plaidé pour la mise en place des organismes d'écoute au niveau de chaque établissement pour assurer le suivi des élèves, particulièrement ceux souffrant de problèmes familiaux. Concernant le redoublement, Khaled Ahmed a soutenu que la responsabilité est partagée entre les parents (60%), les élèves (20%) et les enseignants (20%). « Les parents pèchent par manque de suivi. Les enseignants, eux, ne motivent suffisamment pas les élèves aux études et ces derniers se désintéressent de l'école », a-t-il expliqué. Pour sa part, le chargé de communication du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapest) a estimé que l'école algérienne vit des problèmes depuis longtemps. Messaoud Boudiba a soutenu que le secteur a besoin plutôt de solutions. Le syndicaliste a fait savoir que l'amélioration des conditions de scolarité et socioprofessionnelles des enseignants sont deux éléments à prendre en charge pour aller vers une école de qualité. Le SG du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, a rappelé que la sonnette d'alarme sur la qualité de l'école a été tirée depuis longtemps sans que de véritables mesures soient prises pour y remédier. Il a souligné que les textes de loi sont clairs concernant la scolarisation obligatoire des enfants. « Aucun parent ne peut interdire à ses enfants d'aller à l'école. Il suffit d'appliquer les lois », a-t-il avancé. Amoura ne veut pas parler de déperdition scolaire mais de « fuite de l'école ». Pourquoi ? « L'école est devenue un endroit non adéquat aux attentes des élèves », a-t-il estimé, mettant en avant la surcharge des classes, du programme avec en prime un rythme scolaire de plus en plus insupportable. Selon le SG du Satef, près de 400.000 élèves, tous cycles confondus, quittent chaque année les bancs de l'école. Un chiffre qui démontre qu'il y a « malaise » en la demeure.