Le président de la commission finances et budget de l'APN, Bedda Mahdjoub, a défendu, hier, au forum d'El Moudjahid, le projet de loi de finances pour 2016 où la commission a eu « à débattre du projet article par article ». Ella en a même rejeté certains (huit en tout), notamment celui relatif à l'investissement dans le domaine touristique (article 55) et d'autres encore qui portent par exemple sur le bien-être du citoyen. L'invité du forum a considéré que cette loi intervient « dans un contexte économique difficile » pour l'Algérie, où certains ajustements, comme le relèvement du tarif sur l'électricité (+10%) ou sur le carburant étaient nécessaires, ne serait-ce que pour rationaliser la consommation et lutter contre le gaspillage. Pour le président de la commission de l'APN, issu du FLN, « il n'y a pas à vrai dire d'impact sur le pouvoir d'achat du citoyen qui continue de bénéficier de sommes importantes en matière de transferts sociaux » avec un montant de 1.800 milliards de dinars, en hausse de 37% par rapport à 2015. « Il n' y a pas le feu », a estimé Bedda qui aurait préféré que l'on débatte « des questions liées à la relance économique », du rôle de la Banque d'Algérie dans la préservation du dinar qui a perdu 40% de sa valeur, depuis 2014, sachant que la plupart de nos produits sont importés et qu'il seront ainsi impactés par la perte de change. « Ce sont là les véritables enjeux », a-t-il insisté. Le député est revenu longuement sur les circonstances de l'adoption de certains articles qui ont suscité une polémique parmi l'opposition, plus exactement les articles 66 et 71. Même s'il a qualifié ce vote de plus « politique qu'économique », le président de la commission a reconnu néanmoins à l'opposition « le droit à un avis différent » de la majorité qui, elle, soutient le plan d'action du gouvernement et a voté pour le projet. Concernant l'article 66, portant sur la privatisation des entreprises publiques, Bedda considère, là aussi, que la polémique soulevée n'a pas lieu d'être puisqu'il existe déjà dans la LFC 2009 (article 62). Le plus étonnant est que « certains des députés qui le rejettent aujourd'hui étaient déjà membres de l'APN à cette époque-là », a-t-il souligné. Mais, il faut tout de même préciser que la loi de finances pour 2016 a donné lieu à des débats alors que la LFC 2009 a été promulguée par ordonnance, c'est-à-dire sans que les députés aient pu donner leur avis sur cette disposition. « La privatisation concerne les entreprises en difficulté » Le président de la commission a exclu, par ailleurs, l'idée répandue par certains voulant faire accroire que cette disposition ait fait l'objet d'un lobbying de la part du patronat, le président du FCE ou encore le ministre de l'Industrie. « Ni Haddad ni Bouchouareb n'étaient là en 2009 », s'est-il défendu. Autre argument de ce responsable : les entreprises visées par cet article sont celles « en difficulté et qui n'ont pas connu de développement significatif ». Le gouvernement voudrait leur donner un nouveau souffle. En un mot, ce sont les sociétés qui coûtent à l'Etat d'importantes subventions et autres opération d'assainissement financier qui sont visées. Il n'est donc « pas question de toucher aux entreprises stratégiques comme Sonatrach », a-t-il assuré. Un autre article, source également de polémique dans cette loi de finances, le 71 qui permet au ministre de transférer les ressources financières d'un chapitre à un autre. Ce texte a été réintroduit par le ministre des Finances alors qu'il a été supprimé par la commission lors de l'étude du projet gouvernemental. Bedda parle d'« omission » au niveau de la commission et de « rattrapage » pour le ministre et la « loi lui reconnaît cette faculté ». Il semble, en plus ,que la commission ait pu introduire un amendement comme garantie, pour que le ministre en charge du Budget revienne, une année après, auprès de l'APN pour justifier l'usage qui en a été fait.