Dans une longue lettre adressée aux députés et aux sénateurs de son parti, Ahmed Ouyahia, secrétaire général par intérim du RND, regrette "la violence extrême" dans laquelle a été adopté, le 30 novembre dernier, le projet de loi de finances pour 2016 à l'Assemblée populaire nationale. "À travers ces faits retransmis en direct par les chaînes de télévision, les citoyens ont entendu des propos graves contre le gouvernement." Le patron du Rassemblement a senti, dès lors, la nécessité de défendre le projet de l'Exécutif en apportant une explication aux dispositions dénoncées par l'opposition. Ainsi, il a affirmé que l'augmentation des taxes est justifiée par une perte des recettes en devises de l'ordre de 40%, ainsi qu'à hauteur de 50% en matière de recettes budgétaires. "L'Etat doit donc adapter ses dépenses à ses revenus ou alors emprunter de l'extérieur, année après année, au risque de perdre sa souveraineté de décision et se retrouver soumis au diktat du FMI." À propos de la polémique autour de l'article 71, abrogé par la commission des finances et des budgets de l'APN, puis réintroduit sous forme d'amendement par le ministre des Finances après le débat général en plénière sur le projet de texte, Ahmed Ouyahia a invoqué l'article 22 de la loi n°84-17 relative aux lois de finances, qui autorise le gouvernement à procéder à des transferts de budgets dans le cadre de celui global voté par le Parlement. "Il est faux de dire que le ministre des Finances veut détourner les pouvoirs du président de la République", a-t-il soutenu. Il a assuré aussi que les grandes entreprises nationales ne sont nullement incluses dans le plan de privatisation. "Cette privatisation ne concerne pas les étrangers, ni les grandes entreprises publiques et certainement pas Sonatrach. Elle ne touchera que les PME qui sont en difficulté et que l'Etat décide de céder au lieu de les laisser aller à la dissolution." Par cette intrusion dans le débat public sur la loi de finances pour l'exercice 2016, Ahmed Ouyahia justifie, certes, les orientations du gouvernement, mais surtout le vote positif des députés de son parti. Il donne clairement consigne aux sénateurs de leur emboîter le pas sans s'aventurer à tendre l'oreille du côté de l'opposition parlementaire, qui multiplie les actions pour bloquer le projet de loi de finances 2016. S. H.