Les talibans poursuivent une campagne, lancée au printemps dans tout l'Afghanistan, avec un attentat suicide qui a fait, lundi dernier, six soldats américains de l'Otan près de Kaboul et de féroces combats pour le contrôle d'un district dans leur fief méridional du Helmand. Un an tout juste après la fin de la mission de combat de l'Otan en Afghanistan, les talibans ont multiplié les attaques contre leurs cibles privilégiées : les troupes de l'Otan et les forces de sécurité afghanes. « Les Etats-Unis condamnent cette attaque lâche contre les forces américaines et afghanes, et restent déterminés à soutenir le peuple afghan et son gouvernement », a déclaré la Maison-Blanche dans un communiqué. Les victimes étaient en patrouille avec des soldats afghans lorsque le kamikaze à moto s'est fait exploser. Les talibans ont aussitôt revendiqué la paternité de l'attentat et évoqué « 19 soldats américains tués ». C'est l'un des attentats les plus meurtriers contre l'Otan. Depuis fin décembre dernier, la coalition cantonne ses 13.000 soldats à une mission de formation et de conseil de l'armée afghane, bien qu'il leur arrive de patrouiller aux abords des bases militaires avec leurs collègues afghans. La prise, fin septembre dernier, de la ville stratégique de Kunduz, non loin de la frontière avec le Tadjikistan, traduit le danger que font peser les talibans. S'ils n'ont tenu la ville que trois jours, ils ont infligé un humiliant revers à l'armée. Ce scénario menace de se répéter dans le district de Sangin, dans la province du Helmand, berceau du mouvement taliban et haut lieu de la culture du pavot. A Sangin, « l'ennemi a capturé des bâtiments gouvernementaux, dont le siège de la police, le bureau du gouverneur du district ainsi que celui de l'agence de renseignements, mais les combats se poursuivent. Des habitants ont assuré que les routes menant au district de Sangin ont été minées par les talibans, rendant le ravitaillement en vivres quasiment impossible. A Kaboul, l'exécutif a annoncé que des renforts avaient été envoyés à Sangin. Signe de la nervosité des alliés américains de Kaboul, des forces spéciales américaines sont actuellement sur place pour épauler leurs homologues afghans. Jugeant les forces afghanes encore trop fragiles, le président Barack Obama a dû renoncer en octobre au retrait des soldats américains en Afghanistan fin 2016. Il a annoncé le maintien de plusieurs milliers de soldats au-delà de cette date. « L'assaut des talibans à Sangin n'est pas qu'un gain militaire, c'est aussi un argument de propagande pour eux », a estimé Haroon Mir, analyste politique afghan.