Une fusion prolifique algéro-turque, un trio espagnol et la chanteuse Zakia Kara Terki ont animé, lundi dernier, devant un public conquis, la 2e journée du 10e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes « Festivalgérie ». Trois heures durant, la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth a accueilli l'ensemble espagnol « Mudejar », la chanteuse algérienne et l'ensemble de l'Amitié algéro-turque. La troupe de musique ancienne et ethnique, « Mudejar »—dont le sens évoque le brassage culturel arabo-hispanique dans l'architecture des constructions anciennes de l'Andalousie—assemble, dans son répertoire, la tradition orale espagnole depuis le VIIIe siècle. Présents devant une assistance nombreuse avec un répertoire varié fait de poésie d'autochtones ainsi que de grands poètes, les artistes espagnols reprennent des musiques traditionnelles, auxquelles ils ajoutent une note de modernité. La troupe a chanté l'existence, l'amour, la chute de Grenade, avant de faire une escale en Andalousie en interprétant un chant en arabe, faisant ainsi plaisir au public. Zakia Kara Terki est ensuite montée sur scène avec un torrent d'applaudissements et des youyous nourris, présentant « noubet leghrib » dans ses différents mouvements rythmiques. Enchaînant d'abord un isthikhbar puis une touchiya, la cantatrice à la voix pure et cristalline a ensuite brillamment rendu ses noubate entonnant Kounna fi el îchqi (m'seddar), Tidhkaroukoum âïndi (b'taïhi). Les pièces Ya mouqabil (2e derdj), Hel li ettalaqi min sabil (n'çraf) et les khlas Koulliftou bil badri et wi âachiya ont clos l'intervention de la cantatrice qui s'est fait plaisir en ajoutant une dernière pièce dans la langue turque, offrant ainsi une belle transition au programme. Maîtrise et professionnalisme L'ensemble de l'Amitié algéro-turque, dirigé par Mohamed Saadaoui, est ensuite apparu avec un florilège de pièces issues des deux cultures, interprétées par les huit musiciens composant cette fusion bien accueillie par le public. Les instrumentistes turcs, Pelin Degirmenci au tambour (instrument à cordes avec un long manche fin divisant le degré du ton jusqu'au huitième de la note), Nan Bura Karadog au nay turc (flûte épaisse et longue) et Mete Aslan au luth se sont distingués par des interventions en solo. La jeune chanteuse algérienne Bencharif Majda a séduit l'assistance avec une voix suave et limpide, bien soutenue par les instrumentistes turcs et les Algériens Bendjeddou Abdeldjalil au violon, Daou Massinissa au violoncelle et Belhimer Mohamed Rafik à la percussion (derbouka) dans une orchestration prolifique supervisée par Mohamed Saâdaoui au qanun turc. Plusieurs pièces du répertoire algéro-turc ont été rendues avec maîtrise et professionnalisme dans des enchaînements réunissant les deux cultures et travaillés avec intelligence. Les huit instrumentistes ont commencé par une partie instrumentale comprenant Bachraf dil (Constantine) et Samaï mahour (turc), avant d'entonner m'seddar Rasd eddil Ya ochaq et entamer la partie Muhhayerkurdi-Sika. Le public a savouré chaque moment de cette fusion dans l'allégresse. En présence de l'ambassadeur de Turquie en Algérie, l'ensemble de l'Amitié algéro-turc a longtemps été applaudi par le public qui a pris du plaisir à prendre part à une belle randonnée onirique. Le 10e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes se poursuit jusqu'au 26 décembre.