Photo : Makine F. Les zones sahariennes renferment, à travers ses ressources génétiques, des gènes d'adaptation à divers stress biotiques et abiotiques. Ces ressources génétiques sont mal connues et mal revalorisées. Leurs situations, selon le professeur Issa Abdelguerfi, est pire que ce que l'on pense : «Elles sont menacées de disparition». Dans une communication ayant pour thème «La gestion des ressources génétiques et les savoir-faire ancestraux : atouts et enjeux», le conférencier a dressé un bilan très critique par rapport à sa situation, malgré leurs bienfaits. «Ces gènes de résistance existent et sont très recherchés compte tenu des possibilités actuelles de leur manipulation (transformation génétique) et surtout avec l'avènement des changements climatiques à savoir, l'élévation de la température, sécheresse plus intense, salinité...», a-t-il souligné. Dans le même ordre d'idées, M. Abdelguerfi a indiqué que ces ressources génétiques représentent «un patrimoine en déperdition» dans notre pays. Ce bien matériel a fait l'objet, depuis longtemps, de pillage. Le conférencier tire la sonnette d'alarme en affirmant que «chaque gène, chaque espèce, chaque écosystème qui disparaît réduit nos possibilités d'adaptation aux changements». Cette perte est accentuée par la disparition, plus rapide encore, des connaissances locales sur la biodiversité et le milieu. Compte tenu du caractère indissociable du patrimoine culturel et du patrimoine naturel, il est plus qu'urgent de mettre en place, selon M. Guerfi, «une législation nationale pour protéger les ressources génétiques et les savoir-faire liés à ces ressources à la hauteur des enjeux et une stratégie en vue de leur valorisation». Parlant de la législation, le professeur a indiqué qu'en 1990, selon, 70% des Brevets d'Asie, 85% d'Amérique latine, 95% d'Afrique, entre les mains de particuliers et des firmes des pays industrialisés. Entre 1999-2009, près de 80 variétés végétales ont été brevetées en Europe, et ne peuvent plus être utilisées librement à des fins de sélection. Pour mettre un peu d'ordre, il fallait attendre la convention de Rio de 1992 ou la Convention sur la diversité biologique (CDB) pour que la souveraineté nationale sur les RG soit admise, «mais sans législation du patrimoine commun de l'humanité», a-t-il souligné. Sur un autre volet, M. Abdelguerfi a indiqué que les savoirs et les savoir-faire ancestraux ainsi que la sagesse des populations locales sont aussi des éléments à prendre en compte pour le développement de l'agriculture et surtout pour un développement durable. A travers quelques exemples, l'accent est mis sur l'intérêt de préserver et de valoriser les ressources génétiques locales tout en tenant compte des savoirs et des savoir-faire locaux. Selon le conférencier, l'avènement de l'ère de l'appropriation du vivant et des changements climatiques sont les sources majeures des convoitises et de la biopiraterie et des patrimoines tant naturel que culturel. Pour conclure, M. Abdelguerfi a indique que les pillages sont le fruit du vide juridique.