On le sait déjà, cette loi de finances intervient dans un contexte difficile, caractérisé par une baisse des recettes générées par l'exportation des hydrocarbures mais aussi de la fiscalité pétrolière qui constitue une grande source de financement pour le budget de l'Etat. Une loi ordinaire, enfin, parce qu'elle « n'impose pas de nouveaux impôts », selon Benkhalfa Le ministre des Finances a néanmoins précisé que l'Etat, malgré cette déprime, continue d'investir via le budget. Les autorisations de programme se chiffrent à 1894,20 milliards de dinars et le « budget de l'Etat reste important bien qu'il ait accusé 9% de recul », selon Benkhalfa. Ainsi, ce sont plus de 860 projets (310 projets neufs et 550 en cours) qui sont inscrits pour 2016, même si le gouvernement compte s'atteler à trouver des sources alternatives de financement via le marché par exemple. Pour le ministre, il n'est pas question d'austérité mais de rigueur, de « rationalisation » de la dépense. Dans son projet, le gouvernement table sur une substitution progressive de la fiscalité pétrolière par la fiscalité ordinaire. Si en 2008-2009, elle était le double de la fiscalité ordinaire, aujourd'hui, la tendance s'est inversée puisque l'on enregistre 3.064 milliards de dinars de fiscalité ordinaire pour 1.682 milliards de recettes générées par la fiscalité pétrolière. « C'est cela la diversification », dira encore le ministre. Il ajoutera qu'il y a d'autres ressources que celles du Trésor qu'il convient de mobiliser, allusion à l'épargne des ménages. Et c'était là l'occasion pour lui de rappeler l'opération lancée en août dernier par le gouvernement afin de mobiliser les importantes sommes qui circulent dans le circuit informel et les drainer vers les banques. L'opération n'est pas encore terminée, ce qui a empêché le ministre d'avancer un bilan. Sur les questions relatives aux nouveaux tarifs du carburant et de l'électricité, il a estimé qu'il s'agit d'un ajustement des prix pour « les rapprocher du coût de production » et « lutter contre le gaspillage et la contrebande ». Concernant les articles qui ont soulevé une grande polémique parmi les députés et les médias lors des débats sur la loi de finances pour 2016, Benkhalfa a déclaré que pour l'article 66, il s'agit d'un « élargissement des capitaux et de financement de l'entreprise publique » alors que pour l'article 71, c'est tout simplement un mécanisme de gestion du budget qui est ainsi reconnu au gouvernement. Le ministre a, par ailleurs, fait part des mesures qui vont être prises par le gouvernement pour compenser le manque à gagner des catégories qui seront touchées par la hausse des prix du carburant, comme les agriculteurs et les pêcheurs. Benkhalfa a, toutefois, exclu que ces augmentations puissent générer de l'inflation. Il a déclaré qu'un groupe de spécialistes suit sur une base hebdomadaire et quotidienne « les évolutions affectant les conditions économiques et évalue leur impact sur l'ensemble de l'économie » du pays. Ce travail intègre, explique-t-il, le prix du pétrole, la fiscalité pétrolière et la structure du produit intérieur brut, c'est-à-dire le rendement des secteurs de l'agriculture et de l'industrie.