Le dialogue interburundais, en panne depuis plus de cinq mois, devait reprendre, hier, en Ouganda, avec une cérémonie officielle dirigée par le président ougandais Yoweri Museveni, médiateur dans la crise qui frappe le Burundi depuis fin avril dernier. Des représentants du gouvernement, de l'opposition et de la société civile burundais étaient présents à cette cérémonie. Elle avait pris un peu de retard, mais devait avoir lieu dans la matinée au palais présidentiel d'Entebbe, près de la capitale Kampala. La délégation gouvernementale burundaise était menée par le ministre des Affaires étrangères, Alain-Aimé Nyamitwe. Le parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD, était aussi représenté, de même que tous les partis qui lui sont alliés. Le Cnared, coalition des partis politiques opposés au troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza, devait aussi s'exprimer par la voix de son président, Léonard Nyangoma, qui vit en exil. Des membres de la société civile, vivant aussi essentiellement en exil, étaient, également, là, après avoir décidé, dimanche dernier, de ne plus appartenir au Cnared. Pierre-Claver Mbonimpa, figure de la défense des droits de l'homme qui a échappé à une tentative d'assassinat début août, qui lui n'a jamais fait partie du Cnared, devait aussi défendre les intérêts de la société civile. Le gouvernement a toujours refusé, jusqu'ici, de discuter avec le Cnared, accusant ses membres d'être impliqués dans la tentative de coup d'Etat des 13 et 14 mai et d'être liés aux groupes armés. « Discuter avec le Cnared reste une ligne rouge pour le gouvernement », a rappelé un des membres de la délégation gouvernementale. « Mais comme aujourd'hui il ne s'agit pas de s'asseoir avec lui, le gouvernement va participer pour insister sur le principe de souveraineté et rappeler qu'on doit exclure impérativement tout fauteur de troubles de ce dialogue, comme le prévoit une résolution de l'ONU », a-t-il ajouté. Le porte-parole du Cnared, Pancrace Cimpaye, a, de son côté, indiqué que celui-ci allait « demander avant toute chose un arrêt immédiat des massacres, car on ne peut pas négocier alors que des gens sont en train d'être tués ». Un avis allant dans le sens de ce que souhaite le gouvernement ougandais. « Ce que nous voulons obtenir, c'est l'arrêt immédiat de toutes formes de tueries, dans le camp de l'opposition ou du gouvernement », a déclaré le ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello, au journal ougandais New Vision. Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature, fin avril, du président Nkurunziza, réélu en juillet à un troisième mandat, que l'opposition, la société civile et une partie de son camp jugent contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha qui a mis fin à la guerre civile en 2006.