Le gouvernement burundais a toujours montré sa bonne disposition et sa bonne volonté à participer au dialogue, a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Alain Aimé Nyamitwe, se disant prêt à discuter de toutes les questions, y compris le calendrier électoral, pour un "dénouement" pacifique de la crise qui secoue le pays depuis près de deux mois. Alain Aimé Nyamitwe a expliqué mercredi, dans une interview accordée à la radio Voix d'Amérique, "par un contretemps" l'absence mardi du gouvernement et du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, à la cérémonie de la reprise du dialogue inter-burundais, repris mardi à Bujumbura sous l'égide de l'ONU en présence de la société civile, de l'opposition et des chefs religieux du pays. Le gouvernement est revenu mercredi à la table du dialogue politique au Burundi après avoir boycotté la veille la relance de ces discussions sous l'égide des Nations Unies. "Aujourd'hui (mercredi), le gouvernement a participé et j'imagine que si le parti n'a pas participé, c'est parce que la campagne électorale a déjà commencé", a-t-il affirmé. "Sinon, la bonne volonté y est". Dans ces efforts de médiation, l'ONU est soutenue par l'Union africaine (UA) ainsi que par les organisations intergouvernementales EAC (Afrique de l'Est) et CIRGL (Grands-Lacs). Concernant le report des élections demandé par la communauté internationale, M. Nyamitwe a estimé que la recommandation du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA est intervenue après la fixation des dates des élections à l'issue d'une concertation avec les partis politiques. Il a, dans ce sens, évoqué "le vide constitutionnel qui pourrait s'installer après la date du 7 juillet car le mandat des conseils communaux est censé s'achever. Pourtant, ces institutions sont les seules habilitées à pourvoir aux postes des sénateurs." Le chef de la diplomatie burundaise a soutenu aussi que son gouvernement a pris en compte la recommandation (de reporter les élections) de la communauté des Chefs d'Etat de l'Afrique de l'Est (EAC). "La logique du gouvernement est celle de rester dans les limites constitutionnelles", a-t-il souligné. A propos de ces discussions qui bloquent sur le nœud de la crise -la question du troisième mandat de Pierre Nkurunziza- M. Nyamitwe a refusé "de partager le discours entretenu par certains partenaires, par certaines organisations, mais il (le discours, NDLR) n'a aucune base réelle sur le terrain". "Il y a une situation qui peut soulever peut-être des soucis dans un cercle ou dans l'autre mais cela ne veut pas dire que le Burundi est au bord d'une guerre civile'", a-t-il réfuté. Au sujet des Imborenakure (milice armée), M. Nyamitwe a rappelé que le CPS de l'UA avait demandé à la suite de la EAC, que tous les jeunes armés affiliés à des partis puissent être désarmés. Pour lui, le gouvernement avait déjà commencé le travail, rappelant que la Communauté des Chefs d'Etat de l'Afrique de l'Est a envoyé des experts pour constater le travail déjà réalisé, affirmant que les rapports avec "le Rwanda voisin et frère sont excellents." "Le Rwanda en tant que membre de la Communauté des Chefs d'Etat de l'Afrique de l'Est participe à tous les mécanismes de résolution du conflit", a-t-il indiqué. Le Burundi est secoué par une grave crise politique depuis l'annonce fin avril de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat lors de la présidentielle, prévue le 15 juillet. Ses adversaires estiment sa candidature contraire à la Constitution et à l'accord d'Arusha qui avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile burundaise (1993-2006). La crise politique burundaise, marquée durant un mois et demi par des manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura et dans quelques villes de province contre un troisième mandat, a été émaillée de violences meurtrières.