Les forces irakiennes ont libéré Ramadi des griffes de Daech. Elles ont hissé le drapeau national, lundi dernier, sur le QG gouvernemental. Les militaires avancent toutefois avec prudence pour désamorcer les engins explosifs laissés par les terroristes. « Daech a placé au moins 300 bombes et engins explosifs dans le QG et sur les routes », a expliqué un officier. Après la reconquête de Ramadi, tard dimanche dernier au soir, des soldats ont dansé l'arme levée dans ce chef-lieu de la province d'Al-Anbar, situé à 100 km à l'ouest de Baghdad. Des commandants ont paradé dans les rues de cette ville perdue en mai dernier. Des Irakiens ont aussi manifesté dans d'autres régions pour célébrer la victoire. Le Premier ministre, Haider al-Abadi, dans un discours télévisé, s'est lui engagé à libérer le pays de Daech en 2016. « Si 2015 était une année de libération, 2016 sera celle des grandes victoires qui mettront fin à la présence en Irak de Daech. » Ville ravagée Quasiment tous les civils ont quitté le centre de Ramadi dévasté par les combats. Certains ont été évacués mais d'autres ont été utilisés comme boucliers humains par les terroristes pour couvrir leur fuite. La reconquête de Ramadi est survenue après des mois de préparatifs de l'armée qui avait resserré l'étau autour des terroristes avant de reprendre progressivement des secteurs de la cité, avec le soutien des frappes de la coalition internationale. L'assaut final a été lancé mardi dernier par les forces d'élite antiterroristes et l'armée. Après la perte de Ramadi, Daech contrôle toujours une grande partie de la province d'Al-Anbar, la plus grande d'Irak et frontalière de la Syrie, de la Jordanie et de l'Arabie saoudite. Il faudra surtout beaucoup de temps pour que la vie normale reprenne à Ramadi. « Nous n'avons pas l'intention d'y retourner maintenant, même si cette libération nous rend très heureux », confie Sohaib Ali, 27 ans, réfugié avec sa famille au Kurdistan. « Il y a eu d'immenses dégâts et je ne pense pas que les services de base reviendront tout de suite, ni même la sécurité ». Mossoul, prochaine étape ? A l'étranger, plusieurs pays de la coalition dirigée par les Etats-Unis, dont la Grande-Bretagne, ont salué la victoire à Ramadi. « Nous félicitons le gouvernement irakien et les courageuses forces irakiennes, qui ont démontré tellement de persévérance », a déclaré le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Selon la France, « c'est une importante victoire depuis le commencement de la lutte contre le groupe terroriste » Pour Berlin, « cette victoire démontre encore une fois que Daech n'est pas invincible ». Fort de ce succès, M. Abadi a affirmé que l'armée « ira libérer Mossoul, qui sera le coup fatal à Daech ». Celui-ci contrôle, depuis juin 2014, Mossoul, d'où son chef a autoproclamé son « califat ».