Les forces irakiennes ont lancé une opération destinée à isoler les djihadistes du groupe Daech dans la province d'Al-Anbar dans l'objectif de la reprise de sa capitale Ramadi. L'annonce de l'opération est venue au lendemain des déclarations de la Maison-Blanche, qui s'est rétractée après les critiques du secrétaire à la Défense, Ashton Carter accusant l'armée irakienne de manque de volonté face à Daech. Ramadi, la capitale de la province d'Al-Anbar, la plus grande d'Irak, avait résisté pendant des mois aux assauts des djihadistes avant de tomber entre leurs mains le 17 mai suite à une bérézina des forces irakiennes. Le Premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, a promis de reprendre cette région à ce groupe devenu depuis peu un véritable acteur dans le grand jeu en cours dans la région. Les Unités de mobilisation populaires, force paramilitaire qui a aidé l'armée à reprendre la ville de Tikrit en mars, sont de nouveau mobilisées. Dans le cadre de l'opération, les forces irakiennes se dirigeront du sud de la province de Salaheddine, frontalière d'Al-Anbar, vers les régions désertiques au nord-est de Ramadi en vue d'encercler les djihadistes et préparer l'offensive pour reprendre la capitale provinciale. Les forces gouvernementales, renforcées par des tribus sunnites et chiites, sont parvenues à reprendre ces derniers jours une partie du territoire perdu à l'est de Ramadi. Le contrôle de Ramadi par les djihadistes a constitué un revers pour le pouvoir irakien et son grand allié américain, engagé avec d'autres pays arabes et occidentaux dans une campagne aérienne inefficace. Les Etats-Unis coopèrent militairement avec les Irakiens en déployant des milliers de conseillers militaires, dont certains se trouvent dans la base d'Al-Assad, dans la province d'Al-Anbar, à une centaine de kilomètres de Ramadi. Après la pique du secrétaire américain à la Défense, le vice-président Joe Biden s'est vite rétracté pour rendre hommage à l'armée irakienne, reconnaissant «le courage et l'énorme sacrifice» de ses soldats face à Daech, et réaffirmer le soutien de son pays «au combat du gouvernement irakien». La chute de Ramadi, à l'origine de la fuite de dizaines de milliers de personnes, a provoqué un choc et soulevé des questions sur la stratégie non seulement du gouvernement Abadi, mais aussi de l'hyperpuissance américaine, responsable de la désagrégation actuelle de l'Irak depuis l'invasion de 2003. Les milliers de raids aériens de la «coalition internationale» menée par Washington, fortement médiatisés, n'ont pas empêché Daech de continuer à s'emparer de pans de territoires en Irak et en Syrie mettant la région sous pression. Ce groupe à l'extraction trouble a réussi en janvier 2014 à contrôler des secteurs de la province d'Al-Anbar, cinq mois avant de lancer, le 9 juin, une impressionnante offensive pour s'emparer de régions au nord et à l'est de Baghdad, notamment Mossoul, deuxième ville d'Irak. Daech a profité de la confusion de guerre en Syrie pour prendre le contrôle en 2013 de vastes régions. Le 21 mai dernier ce groupe s'est emparé de la cité antique de Palmyre (Tadmour), dans le désert syrien frontalier de l'Irak, menaçant directement Homs et Damas. M. B./Agences