Paris a sombré dans la folie sanguinaire et monstrueuse d'un groupe surgi de nulle part pour lâcher les « loups solitaires », en association avec l'autre bombe des « combattants étrangers », à l'assaut de l'Occident malade de ses paradoxes. La fusillade de San Bernardino en Californie (14 morts), commise le 2 décembre dernier dans un centre de services sociaux par le couple « radicalisé » d'origine pakistanaise, Tashfeen Malik et Syed Farook, a davantage alerté sur le péril montant qui pèse sur la sécurité interne des pays occidentaux désormais indissociable de la sécurité collective et de la paix dans le monde. Le glas a-t-il irrémédiablement sonné pour Daech appelé à connaître le même sort que son ancêtre coupable de la forfaiture du 11 septembre perpétrée au cœur de l'empire américain ? Le début de la fin s'impose dans la lente désagrégation du califat autoproclamé, menacé dans ses deux symboles politiques fédérateurs : la capitale syrienne de Raqqa, régulièrement bombardée par la coalition internationale, russe et l'aviation française et, éventuellement, de la capitale irakienne de Mossoul dans le viseur de l'armée irakienne. Le mythe de l'invincibilité est tombé. « Nous ne pensons plus, comme avant, qu'il est impossible de vaincre Daech », a lancé fièrement le colonel Talal Selo, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), constituant une alliance de combattants kurdes du YPG et arabe (Jaich El Thouar et milice tribale Jaich El Sanadide) dont la prise du barrage de Techrine (nord) assurant la liaison entre Raqqa et Alep est perçue comme le prélude à la reconquête du bastion irakien de Daech. Acculée de partout, l'internationale terroriste, qui a perdu une vingtaine de ses chefs lors d'un bombardement de l'aviation syrienne et, selon le Pentagone, 10 autres responsables, tués en décembre dans des frappes de la coalition internationale, voit fondre comme neige au soleil ses conquêtes dans la région frontalière de la Turquie, à Kobané (Aïn Al Arab), reprise par les forces kurdes le 26 janvier 2015, puis à Tall Abyad arraché le 16 juin 2015 des mains de Daech privé de cette importante zone d'approvisionnement en armes et en combattants. Deraâ à la frontière avec la Jordanie, considérée comme le symbole de la révolte contre le régime de Bachar El Assad, tombera-t-elle à son tour ? A la faveur de l'engagement russe, la progression fulgurante de l'armée syrienne de plus en plus maîtresse du terrain s'est ainsi caractérisée, outre la reddition des combattants de Daech dans les fiefs d'Alep et de Homs, par le contrôle d'une base militaire importante de Sheikh Miskeen et des localités environnantes qui lui assurent le renforcement de sa présence dans l'axe stratégique Deraâ-Damas. Au creux de la vague, le mouvement Daech auquel rien ne semblait résister, au début de son incroyable ascension, a subi en Irak sa plus sévère défaite à Ramadi qui s'ajoute à la longue déconfiture subie à Tikrit, reprise en mars, et des localités des villes de Baiji et Sinjar. Le « coup fatal » de Ramadi, selon le Premier ministre Haider Al-Abadi, annonce la libération de Mossoul et la libération totale de l'Irak, en 2016, de l'emprise de Daech. « Nous frappons la tête du serpent, mais il a encore des crocs », a tempéré le colonel Steve Warren, porte-parole militaire américain basé à Baghdad, attribuant la percée de Ramadi à la décapitation de Daech qui a perdu, parmi les 10 chefs tués en Irak et en Syrie, son principal « organisateur d'opérations extérieures », un expert dans « la confection de bombes au bord des routes », l'émir financier adjoint à Mossoul, l'émir de la province de Kirkouk et son adjoint, un « commandant et exécutant » à Tal Afar (nord).