Mohamed Boudia, natif de La Casbah, combattant de la guerre de Libération, sera contraint à l'exil en France suite à son opposition au coup d'Etat du 19 juin 1965. « Il n'y a pas d'histoire pour un pays qui n'a pas de martyrs », a estimé Me Hocine Zahouane, ancien compagnon de Mohamed Boudia. Après avoir relaté sa participation à la lutte armée à travers la culture, Me Hocine Zehouane aborde le rôle de Mohamed Boudia à l'indépendance. Il explique qu'il est l'ami intime de Mustapha Kateb et qu'il était derrière plusieurs œuvres comme la création de la revue culturelle « Novembre », la relance du théâtre algérien et la création du premier quotidien algérois, « Alger ce soir ». Après son exil en France, il occupe le poste d'administrateur du Théâtre de l'Ouest parisien, pour ensuite s'engager pour la cause palestinienne. Sa rencontre avec Wadie Haddad, responsable militaire du FPLP à Cuba, est un élément déclencheur dans son militantisme. Il est recruté pour une formation à l'école du KGB, au milieu des années soixante. Il voulait mettre son expérience d'ancien combattant de la cause algérienne au service de la cause palestinienne. Proche de George Habbache, responsable du FPLP, il est un des membres les plus actifs en France. D'abord trésorier, il participe à des actions armées extérieures. Mohamed Boudia est ensuite nommé à la tête de l'organisation spéciale du FPLP en Europe, qui était chargée de recruter des militants et de mener des actions armées contre des cibles israéliennes dans les pays européens. Il avait plusieurs actions à son actif. Le Mossad l'avait fiché « ennemi public n°1 » après les attentats en Europe dans les années 1970, notamment l'attaque sanglante contre les athlètes israéliens lors des jeux Olympiques de 1972, le soupçonnant de faire partie de l'organisation palestinienne Septembre noir. « Je me suis déplacé en France pour faire exfiltrer Mohamed Boudia vers un autre pays car nous étions au courant que le Mossad le traquait et finirait par l'avoir. Donc partant de ce principe, on a opté pour le Liban afin qu'il améliore son niveau dans la langue arabe. Sauf que Boudia ne voulait pas partir en évoquant la prise en charge de son fils. Quelques jours après, il se présente à la préfecture pour renouveler sa carte grise. Là, des policiers complices du Mossad le dénoncent. En arrivant sur place, des agents israéliens placent une puce dans la voiture de Boudia pour le suivre et connaître ses déplacements. Le 28 juin 1973, ils décident de l'assassiner », raconte Me Hocine Zahouane, en regrettant que Mohamed Boudia ait été enterré dans l'anonymat. Pour sa part, l'ambassadeur de la Palestine à Alger, Aïssa Louaï, a tenu à rendre hommage à tous ces Algériens, Marocains, Tunisiens, Egyptiens, Syriens, Japonais, Italiens et autres qui ont épousé la cause palestinienne et sacrifié leur vie pour la Palestine. « Certes nous avons peur, certes nous sommes meurtris, affaiblis et blessés, mais nous ne céderons aucun millimètre de notre terre occupée », a-t-il soutenu.