Le succès parfait de notre bombe H historique couronne l'ambition de rejoindre le rang « des Etats avancés ». Un mois après la déclaration du président nord-coréen Kim Jong-Un sur une éventuelle dotation de la bombe à hydrogène, l'annonce solennelle du premier essai, dans la longue tradition du passé nucléaire riche des 3 tests réussis (2006, 2009 et 2013) de la bombe A, a provoqué un branle-bas de combat dans la communauté internationale inquiète des conséquences sur l'équilibre mondial et la stabilité de la région. De façon unanime, le monde crie son refus du chantage nucléaire. Dans le camp de ses meilleurs alliés, la « ferme » opposition de la Chine exhortant instamment Pyongyang « à tenir son engagement de dénucléarisation et à s'abstenir de toute action qui aggraverait la situation », selon la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, et la montée au créneau de la Russie fragilisent la Corée du Nord plus que jamais frappée d'un isolement total. Pékin, qui redoute les criques de radiation, se prépare à convoquer l'ambassadeur nord-coréen pour lui transmettre une « protestation officielle ». Les Chinois, qui habitent aux frontières, ont été évacués après l'essai nucléaire de Pyongyang, dont la secousse a été ressentie dans plusieurs villes de la province voisine du Jilin, selon la télévision chinoise. Moscou a adopté un ton plus virulent contre la « violation flagrante » du droit international et des résolutions de l'ONU. « Si ce test est confirmé, il s'agira d'un nouveau pas de Pyongyang sur la voie du développement d'armes nucléaires, ce qui constitue une violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU », a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Pyongyang lâché par ses principaux soutiens ? La colère gronde dans la région. Si Séoul, convoquant en urgence son conseil de sécurité nationale, entend faire payer à son rival historique « le prix de cet essai nucléaire », Tokyo, pour sa part, annonce des « mesures résolues » et une étroite coordination avec les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Chine et la Russie » pour contrer ce « grave défi » aux efforts menés pour stopper la prolifération de l'armement nucléaire. L'Inde, « profondément inquiète », s'est aussi insurgée contre cette nouvelle violation des « engagements internationaux ». L'étau se resserre sur la Corée du Nord placée sous haute pression par la communauté internationale au premier rang de laquelle les Etats-Unis ont réagi aux « provocations » du régime nord-coréen en promettant d'y répondre « de façon appropriée ». A la demande des Etats-Unis et du Japon, le Conseil de sécurité tiendra une réunion d'urgence pour lancer des consultations à huis clos entre les 15. La riposte immédiate et collective relance le débat sur le nucléaire marqué à la fois par la percée iranienne, la bravade nord-coréenne et l'impunité israélienne. Car la vision discriminatoire qui voue aux gémonies le « paria » coréen, coupable de manquements et de violations systématiques des engagements en matière de dénucléarisation, souffre de crédibilité entachée par le silence assourdissant de l'AIEA et des puissances occidentales sur le programme israélien qui compte la Bombe H acquise en 1980 et dotée de 200 à 4.000 ogives avec la pleine coopération de Paris et le soutien total de Washington. En 2010, un groupe de 18 Etats arabes ont inscrit dans l'agenda de l'AIEA la question des « capacités nucléaires israéliennes ». Une conférence sur le Traité de non-prolifération au cours de laquelle l'Iran a proposé de créer « une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient », sur le modèle de ce qui a été fait en Amérique latine ou en Asie centrale, a été même organisée par les Nations unies. Mais l'opposition résolue de Washington et de Tel-Aviv a mis en échec cette initiative. Israël reste au-dessus de la légalité internationale.