Photo : Mahdi I. La deuxième phase du 2e festival international des arts de l'Ahaggar, soit le campement Aguenar, a été inaugurée tard dans la soirée de vendredi par le wali de Tamanrasset, Saïd Meziane, en compagnie du commissaire du festival, Farid Ighil Ahriz et des autorités locales. C'est sous les coups du baroud et les airs de Karkabou que les organisateurs ont accueilli des milliers de personnes, venues de partout, même à pied, à partir des villages environnants. Aux abords du camp, distant de 12 km de la ville, l'ont peut trouver une cinquantaine de pavillons en forme de tentes traditionnelles et modernes, abritant les expositions des artisans et aussi des ateliers. Dans le but de valoriser l'une des activités culturelles et folkloriques ancestrales des populations de la région, les visiteurs ont été plus attirés par la danse de « ilougan » ou de dromadaires de Tagmart et Tind Tidekelt. Un très beau spectacle où se faisaient, jadis, les demandes de mariage. Dix ateliers sont au programme de ce festival. Ils sont consacrés à l'enseignement, aux enfants, à la langue Tifinagh, aux sciences de l'astronomie, aux contes... Il y a aussi l'atelier où sont représentés des dessins, des photographies, des cuirs et bois, de bande dessinée et de mangas, sculpture sur ballon et maquillage. Il y a également l'atelier dédié à l'astronomie. A cela s'ajoutent l'atelier du patrimoine culturel immatériel et l'atelier de découverte des instruments africains. Les lauréats du concours Contes et Légendes , rassemblant quelque 70 candidats, en langues arabe, française et amazighe, seront connus à l'issue du festival. Le coucher du soleil a été une occasion pour les amoureux de la photographie et aux romantiques de puiser les réserves de leurs cartes mémoire. A la tombée de la nuit, le campement de Aguenar devient plus lumineux que le Monument de Ryadh El Feth pendant les grandes occasions. Une centaine de projecteurs ont fait oublier le soleil, mais pas sa chaleur ! La scène de l'OREF, dressée en haut du camp, a attiré tous les présents. Des femmes, des jeunes et des enfants, plus nombreux que les hommes, tous en tenues traditionnelles, ont été émerveillés par le festival. Le concert organisé a séduit l'assistance. Les présents ont pu avoir un aperçu de cette belle musique aux sonorités tristes mais aux rythmes vifs, qui raconte souvent l'amour mais aussi l'aridité du désert qu'il faut préserver. Chatima, Ajla, Tazemart de Tazrouk, El Ferda, Diwan Baba Merzoug, Joo Batouri et Modj ont fait vibrer l'assistance jusqu'au petit matin. BIENTÔT UNE RESERVE INTERNATIONALE DU CIEL ETOILE À TAMANRASSET Par ailleurs, au dernier jour de ces rencontres scientifiques, M. Ahmed Bedjaoui, à travers sa communication « Patrimoine et communication : à la recherche du temps jadis », a mis en exergue la relation étroite entre la communication et le patrimoine. Qui devrait être au service de l'autre ? « La communication joue un rôle positif mais aussi négatif dans la promotion du patrimoine », a-t-il indiqué La ville de Pétra en Jordanie qui, depuis son ouverture au public en 1998, et sa « surmédiadisation », accueille 12 millions de touristes par an. Ces visites intenses ont contribué à l'usure de ces sites, aujourd'hui exposés à la menace des destructions. Ce site a subi quelques transformations qui l'ont dégradé. Selon l'orateur, pour que la communication réussisse, il faut d'abord tracer une stratégie de communication, ses effets et surtout associer la population. « Quand la communication est utilisée à bon escient, elle peut enrichir les mémoires ». En Algérie, trois films, selon M. Bedjaoui, ont véhiculé le patrimoine culturel algérien, plus précisément celui de la ville d'Alger : Tahya ya Dido, Délice Paloma et la Bataille d'Alger qui ont contribué à valoriser la Casbah et ses spécificités architecturales. De son côté, M. Hamid Aichioune, dans sa communication « Le ciel, patrimoine de l'humanité » a indiqué que la pollution lumineuse empêche de regarder les étoiles à l'œil nu. Il indique que « Tamanrasset a tout ce qu'il faut pour développer le tourisme scientifique ». A titre d'exemple, il indique que les Européens sont prêts à faire 17 heures de vol pour aller au Chili, au Cap Canaveral pour regarder les plus belles étoiles. Il lance un appel aux autorités concernées pour développer ce genre de tourisme. Il termine sa contribution sur une touche d'optimisme : « la réalisation de la réserve de ciel étoilé est prévue pour cette année ». C'est un produit qui sera réalisé entre le ministère de la Culture, celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le Craag, sans en donner plus de précision.