Après les deux attaques sanglantes revendiquées par le groupe terroriste Daech en Libye, jeudi et vendredi derniers, l'ONU, les Etats-Unis et l'UE insistent sur la nécessité pour les Libyens de « s'unir de manière urgente pour combattre le terrorisme », affirme l'émissaire spécial de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, dont la médiation se heurte aux fortes divisions des deux pouvoirs rivaux, celui exilé dans l'Est, reconnu par la communauté internationale, et l'autre implanté à Tripoli par la coalition de milices Fadjr Libya. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné les deux attentats, qui ont fait plus de 56 morts, et « a exhorté toutes les parties en présence en Libye à coopérer pour lutter contre la menace des groupes terroristes transnationaux (...) en appliquant d'urgence l'accord politique », pour un gouvernement d'union conclu entre les deux parties le 17 décembre dernier et qui doit être entériné avant le 17 janvier. Les Européens ont, pour leur part, exhorté les responsables libyens de tous bords à accélérer la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. La Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, a promis de soutenir, y compris financièrement, la Libye dans la lutte contre le terrorisme, indiquant que l'UE avait préparé un plan d'aide « à hauteur de 100 millions d'euros, immédiatement disponibles (...) dès l'entrée en fonctions » d'un gouvernement d'unité. L'aide sécuritaire européenne pourra également intervenir dans les domaines de la formation et du conseil, a-t-elle ajouté à l'issue de plusieurs heures d'entretiens avec des responsables libyens à Tunis. Daech, qui a aussi lancé la semaine passée des attaques visant le « croissant pétrolier » à Ras Lanouf et à Al-Sedra, est devenu une réelle source d'inquiétude pour les Occidentaux. Ils redoutent une déstabilisation dans la région ainsi que l'exportation depuis la Libye de terroristes vers l'Europe. Pour contrer cette menace, ils pensent à une intervention militaire internationale contre Daech dans ce pays, mais seulement après la mise en place d'un gouvernement d'union. Plusieurs pays européens, dont l'Italie, ancienne puissance coloniale, ont indiqué être prêts à participer à une campagne qui pourrait prendre la forme de bombardements aériens, comme cela est déjà le cas en Irak et en Syrie. Les opposants à ce projet estiment, par contre, qu'une telle intervention offrirait au groupe terroriste l'argument d'une invasion occidentale de la Libye pour mobiliser plus de combattants dans ses rangs.