Menad M'barek est un artiste pluridisciplinaire, comédien de théâtre, acteur de cinéma et réalisateur. Sa production est très attachante. Il témoigne de la compétence, du sérieux et surtout de la création. Jeune et ambitieux, Menad M'barek est nourri d'une longue expérience dans l'art en général et le cinéma en particulier. Il vient d'ailleurs de projeter un film documentaire en cette fin de semaine au CCF, centre culturel français d'Alger.Il s'agit du film «concerto pour deux mémoires». Rencontre avec un artiste précoce, aux textes forts, puissants et envoûtants, qui jette un regard lucide sur le monde moderne. Il accepte volontiers de répondre à nos questions : Quelles sont les contraintes que vous avez rencontrées au cours de ce projet ? Dans ce film documentaire, je relate un dialogue ou plutôt une rencontre entre deux antagonistes durant la guerre de libération. Un maquisard et un soldat français. Une rencontre. Deux parcours différents pourtant liés par un seul destin. C'est en fait un travail de mémoire pour l'édification de la paix. Comme le titre de ce film, j'estime que la vie est un concerto. La seule contrainte demeure le facteur financier car je n'ai bénéficié d'aucune subvention. Une sorte de combat en solo. Quel genre de défi avez-vous relevé ? Mon défi est de pouvoir matérialiser ce projet. Faire rencontrer deux anciens antagonistes. J'ai pu remarquer durant ce travail que ces deux personnages ont tenu à faire passer des messages d'histoire, de mémoire, de paix. Est-ce que votre formation vous a servi pour l'évolution professionnelle ? A l'origine, je suis de formation linguiste. Je suis également comédien de théâtre, acteur de cinéma et réalisateur. J'ai marqué un passage dans le champ de la presse. C'est en effet la combinaison de cette formation que j'ai pu évoluer dans ma vocation. Certains critiques sont aujourd'hui optimistes de l'état actuel du cinéma algérien. Et vous ? On a vécu une léthargie du cinéma à une certaine époque. Il semblerait qu'aujourd'hui nous marquons un retour d'activité. Il faudrait dire que la création cinématographique en Algérie n'est pas de qualité, parce que certains spécialistes se servent du cinéma comme un alibi pour agrémenter un événement ou encore une manifestation. La tendance actuelle au cinéma algérien est de se tourner vers le court-métrage, une manière facile pour arriver au long-métrage. Partagez-vous cela ? C'est faux. Pour moi le court-métrage ne constitue pas un chemin vers le long-métrage. C'est une expérience particulière. Le court-métrage est un concept croustillant où on peut déverser l'essentiel d'une réflexion belle et circoncise. Faut-il se mélanger pour avancer ? Oui, la nature n'aime pas l'immobilisme, tout est toujours en mouvement. Une culture qui veut avancer doit forcément s'ouvrir au monde et à d'autres richesses culturelles. C'est quoi le plus important pour vous, échanger les savoirs et les expériences ou transmettre des messages ? Ces missions vont de pair car à mon sens, l'artiste doit saisir l'opportunité de la visibilité qui lui est conférée pour l'impliquer dans la promotion des valeurs de la société où il vit ou celle des valeurs humaines universelles. Vous qui montrez beaucoup de passion pour votre métier, quel serait votre souhait à présent ? Je souhaite que la grande messe du cinéma puisse retrouver toute son expression en Algérie afin que le public renoue avec les salles de cinéma. Comptez-vous réaliser un autre film ? J'ambitionne de réaliser prochainement un court métrage. Le sujet gravitera autour du phénomène de l'émigration clandestine, la Harga intérieure. Le tournage aura lieu à Bejaia.