Le tribunal criminel d'Alger a poursuivi, hier, l'audition des témoins. Il s'agit d'un responsable de suivi des projets, à Sonatrach, d'un responsable du département des affaires juridiques, de secrétaires de direction. Le tribunal avait convoqué, en tout, près de cent témoins. Et pour la journée d'hier, le président du tribunal n'en a retenu que 35. Fodhil Hanafi, directeur du contrôle à la Banque d'Algérie, a été entendu sur les transferts opérés par Contel Funwerk à partir de la banque Nataxis vers BNP Paribas au profit de Meghaoui, l'ex-PDG du CPA et consultant chez Contel Funwerk. Selon le responsable de la Banque d'Algérie, cette opération a été déclenchée « suite à des informations parvenues à la banque ». Elle a touché la banque Paribas. La Banque d'Algérie entame des missions de contrôle lorsqu'il y a des opérations de blanchiment d'argent. L'attention de la mission s'est portée sur trois virements qui ont été effectués pour le compte de Meghaoui Hachemi et de son fils Yazid. « BNP a expliqué ces virements par la distribution des dividendes aux associés », précise le représentant de la Banque d'Algérie. L'équipe de contrôle a demandé des documents qui justifient ces virements, tels que le budget, la décision de l'AG, le rapport du commissaire aux comptes, mais « BNP n'a pu les fournir », ajoute-t-il. La banque a fourni seulement « un certificat » signé de la main de Mohamed Réda Djaffar Al Ismaïl, PDG du groupement, « ce qui est insuffisant », poursuit le témoin. Il rappellera que la banque a fait deux déclarations de soupçon dans ce sens, mais les avocats relèvent que celles-ci ont été faites en 2010 alors que les virements ont eu lieu en 2009. En tout cas, pour le représentant de la Banque d'Algérie, « les virements n'étaient pas justifiés, au regard des documents administratifs fournis ». Meghaoui a demandé une confrontation avec le témoin pour « des détails techniques », précisant que le virement en question « a été fait par le holding qui compte une activité de transport ». « Les contrats avec Funwerk conformes à l'étude et au cahier des charges » Le deuxième témoin, Hachem Kamel, qui était chargé du suivi des quatre projets de télésurveillance, dira que les contrats avec Funwerk « ont été exécutés, sans retard aucun ». Il reconnaît qu'il y a eu des avenants. Son rôle consistait à contrôler « la conformité du matériel envoyé par la société allemande avec le cahier des charges ». A la demande du représentant de la partie civile, il expliquera la nature des réserves qui ont été invoquées par Sonatrach, liées à « la confection des badges » que Sonatrach voulait prendre en charge elle-même, et ce « pour ne pas donner à l'entreprise étrangère des données sur son personnel ». En mai 2010, « une note de la direction financière nous informait du blocage des comptes », dira-t-il. Le chef du département des affaires juridiques à Sonatrach, Mohamed Ouchène, a parlé, lui, de sa mission qui consiste à « suivre les cinq contrats de télésurveillance, dont deux de gré à gré ». Le juge l'a interrogé sur les statuts : « Est-ce qu'ils ont constaté que parmi les associés du groupement figurait le fils du PDG de Sonatrach ? » Et de lui poser la question sur sa responsabilité dans la non-publication des appels d'offres dans le Baosem et la directive 408 R-15 qui ne permet pas la consultation restreinte. Une autre question qui résume tout : « Est-ce que son département a le pouvoir de faire des observations sur des irrégularités ? ». Pour le juriste de Sonatrach, « tout est justifié par une question d'opportunité », une notion qui est « défendue dans ce contrat ». Un autre témoin appelé à la barre, le représentant de Funkwerk, avait déclaré « ne rien connaître des détails de ces contrats ». « La société m'a envoyé chez le juge parce que je parle français, pour lui expliquer l'affaire telle qu'elle m'a été présentée par mes responsables. »