«Les accidents du travail et les maladies professionnelles ont fait 42.000 victimes en Algérie pour la seule année 2004 » et coûtent à l'Algérie « 4 % de son Pib», a déclaré M. Mourad Serkhas, responsable HSE, hygiène, sécurité, environnement à Dekra Algérie, une filiale de la compagnie française spécialisée dans le contrôle industriel. Il se réfère à des statistiques de la caisse nationale d'assurance, selon lesquelles, «10.000 déclarations de maladies y sont enregistrées, la moitié liée aux nuisances sonores », un domaine où « la réglementation n'est pas très stricte », reconnaît-il. Le bâtiment constitue le plus gros facteur de risques avec «des équipements mal adaptés ». De plus certains postes ne bénéficient pas de formation spécifique. Plus grave encore, « 10 à 13 % des employeurs seulement sont affiliés à la médecine du travail », ce qui est pour cet expert «alarmant », ajoute-t-il lors d'une rencontre sur les enjeux économiques du contrôle industriel, organisée, hier à Alger, par Dekra.Donnant des chiffres encore plus récents, c'est-à-dire datant de 2009, il relève que « 50.000 accidents sont enregistrés dont 800 décès». La majorité de ces décès, 82 %, surviennent dans les secteurs du bâtiment et du transport. Les 2/3 touchent les personnes âgées. Mais l'année 2009 a enregistré un nombre moindre avec 644 cas de décès contre 661 en 2008. M. Serkhas met en relief comme cause essentielle « le non-contrôle des équipements alors que la loi oblige les industriels à le faire ». Les risques industriels ne sont pas négligeables, dit-il, insistant tout particulièrement sur la formation des employés. Pour preuve, il rappelle les explosions récentes de la raffinerie de Skikda et l'explosion du gazoduc de Relizane qui ont coûté des dizaines de vies humaines et des dizaines de milliards de dinars de dégâts. Les exploitations et installations industrielles sont « potentiellement porteuses de danger et de risques », prévient le représentant de Dekra qui explique aussi pourquoi elles sont soumises, sur le plan réglementaire, à des autorisations, des déclarations. Il faut noter que le groupe Dekra qui active dans 54 pays, telles la Chine et la Russie, est présent aussi en Algérie où il accompagne plusieurs entreprises dans le domaine de la gestion et de la prévention du risque industriel, à l'image de Sonatrach, Sonelgaz et du Credeg, des entreprises relevant du secteur de l'énergie, « ce sont des références d'entreprises qui nous font confiance et qui seront espérons-le, rejointes par d'autres partenaires », dira M. Xavier Gaillard, directeur des opérations internationales de Dekra. Celle-ci, rappelons-le, a choisi l'Algérie pour créer sa première filiale au Maghreb, elle s'appelait alors Norisco jusqu'en 2009. Bien que ses domaines fort restent la certification, le contrôle industriel, le conseil HSE, Dekra veut aussi « apporter son soutien à la formation en Algérie », a déclaré M. Gaillard.