L'information a été donnée, hier, à Skikda par Mohamed Meziane, le patron du Sonatrach qui s'exprimait lors du colloque intitulé “Journées internationales sur les risques industriels, technologiques et impacts sur l'environnement”, organisé conjointement par la division activités aval de Sonatrach et l'Université d'Oran. Pour le P-DG du groupe, Sonatrach a engagé dès 2003 un vaste et important programme de réhabilitation de la sécurité des installations et du personnel. Par coïncidence, c'est à ce moment-là qu'il y a eu deux risques majeurs de Skikda. Le drame survenu en 2004 au GL1K qui a fait 27 victimes, suivi moins d'une année après par celui des deux bacs du TRE en 2005 et qui a fait, lui, 2 victimes. Toutefois, selon M. Meziane, à Sonatrach, la fréquence des risques majeurs reste au-dessous de la moyenne dans le métier. Cela n'empêche par le groupe pétrolier public algérien d'investir dans la sécurité, la santé et l'environnement. Rien que pour cette année, 1,2 milliard de dollars seront investis dans la sécurité des installations et la santé des personnels, Sonatrach étant une entreprise citoyenne par excellence. Cet effort financier colossal est accompagné, parfois il se matérialise même, par la mise en place d'une organisation de travail à même de relever les défis de ces temps modernes : santé, risque et environnement. Ainsi, il est prévu, aujourd'hui à Alger, l'inauguration d'un centre de commandement central de gestion des risques “ICS”. Doté des moyens adéquats, il est appelé à mettre en place et à gérer un nouveau système d'urgence en matière de directives de sécurité. Le dispositif est appelé à être décentralisé. À Skikda, le site devant accueillir le démembrement local est déjà choisi. Le mégaprojet de la nouvelle ville de Hassi-Messaoud s'inscrit aussi dans cette démarche “sécurité, santé et environnement”. Un budget de 700 millions de dollars est, selon le P-DG de Sonatrach, alloué à cette opération de prévention et de veille. Toujours selon le P-DG du groupe, entre Sonatrach et la ville de Skikda, il existe une relation à la limite affective façonnée par tant de bonheur et de douleurs, à la fois, partagés. D'ailleurs, d'après M. Mohamed Meziane, “le groupe va dédier à cette ville de gros investissements à travers des installations de nouvelles générations”, qui viendront renforcer la position de pôle pétrochimique de la cité, certes, mais aussi booster ses différents marchés (emploi, immobilier, tourisme d'affaires…). L'investissement est plus que financier. Il est stratégique. Le groupe, par respect à sa dimension et devant le poids du facteur sécurité-environnement dans aussi bien sa politique de développement que dans la politique du gouvernement, est passé des fameux systèmes de certification Iso au stade de développer son propre référentiel qualité risque à travers le “HSE”. Pour Mlle Khadija Guenachi de l'Université d'Oran et coordinatrice du colloque de Skikda, le système économique mondial, après avoir distribué les richesses, est en train de distribuer les risques. Toujours pour cette chercheuse du laboratoire des risques industriels d'Oran, “si les deux derniers siècles ont été particulièrement marqués par l'essor technologique dans les différents domaines de la science, ces dernières décennies ont été le théâtre de catastrophes et d'accidents majeurs alertant et sensibilisant les consciences collectives sur les risques générés et encourus au quotidien”. Une réalité qui exige une étroite collaboration entre l'universitaire et le manager afin de gagner le défi. Pour Mme Ghania Feghouli, les risques majeurs survenus dans le domaine pétrolier ces derniers temps sont récurrents ; rien qu'entre 2004 et 2005, il y eut, en plus des deux drames de Skikda, les accidents de la raffinerie de BP au Texas et du parc de stockage de Buncefield de la même compagnie, ce qui nécessite l'adoption d'une démarche systématique de management du risque. C'est la raison d'être du HSE qui est plus qu'un département, une démarche qui sous-tend les facteurs d'évaluation, de procédure de gestion et de formation ainsi qu'une culture du risque. Mourad KEZZAR