Les projets de télésurveillance, GK3 et Ghermoul, qui sont à la base du procès impliquant plusieurs hauts cadres de Sonatrach, ont échappé au contrôle de la direction audit. C'est ce qu'a révélé, un des témoins, l'ex-directrice de la centrale d'audit, Boughanem. Elle a expliqué que Sonatrach a eu recours sur la période de janvier 2005 à juin 2009, à 1.843 contrats en gré à gré mais peu ont été soumis à la centrale. Pourtant, a-t-elle expliqué, auparavant, sur l'ensemble des missions d'audit qu'elle fait, soit « 500 en trois ans, 25% sont réservés aux contrats » qui lient Sonatrach à ses partenaires. La centrale audit qui a une masse de travail importante, avec plus de 1.000 contrats par an, doit faire un tri et « en cibler certains », explique-t-elle. Mais elle a exclu une « orientation » quelconque dans ce choix, de la part du PDG de la compagnie. Pourtant, intervient le président du tribunal, « ce sont de gros contrats avec par exemple un montant de 1.100 milliards de centimes pour le marché de la télésurveillance et 43.000 milliards pour le GK3 ». Le témoin explique que « le marché de Ghermoul a été annulé » et ne pouvait donc être soumis au contrôle de la centrale audit. Pour ce qui est du dossier de la télésurveillance, « on allait le faire » mais elle ajoute qu'elle a « dû quitter la Sonatrach juste après. » Le tribunal lui demande « si l'audit touche à la régularité de la procédure ». Elle répond par l'affirmative. Le PDG, reconnaît-elle, « prend des décisions et instruit les structures concernées pour tenir compte de nos observations. » Le témoin a été soumis à une série d'autres questions de la part du tribunal, émanant aussi bien des avocats de la partie civile que de la défense. Sur la directive portant code des marchés, sur le niveau de réalisation des projets, les référentiels utilisés par les auditeurs pour dire que les prix sont élevés ou bas, le préjudice subi par Sonatrach et comment a-t-il été évalué, quand a-t-on entamé le processus de révision de la directive et est-ce lié au scandale soulevé par ces marché ? « Le contrat avec Funkwerk relève du délit d'initié » Parmi les autres témoins entendus par le tribunal, les directeurs exécutifs de Sonatrach. Ainsi la journée sera consacrée à des figures de premier plan dont d'ex-PDG par intérim, à l'instar de Abdelhafidh Feghouli, Abdelhamid Zerguine, Saïd Sahnoun, Ali Rezaiguia, PDG adjoint chargé des finances, et Mme Ghenim, PDG adjoint chargé des ressources humaines. Cette dernière a d'emblée précisé au tribunal qu'elle n'a aucun rapport avec ces dossiers « au regard de leur caractère technique ». On n'a eu que des « informations » sur leur existence, à travers les réunions du comité exécutif (de Sonatrach). « On savait que le problème de sécurité et de maintenance avait son importance au niveau de l'entreprise, sans plus de détails », poursuit-elle Mme Ghenim précise que les contrats de télésurveillance et de GK3 dépassent ses « compétences techniques ». De plus, « c'est un comité restreint au sein du conseil exécutif qui se chargeait de ces dossiers ». Elle donnera néanmoins son avis sur la régularité de la décision de promotion du fils de Meziane et son contrat avec Funkwerk qui relève, dit-elle, du « délit d'initié ». Ali Rezaiguia, directeur des finances à Sonatrach de 2002 à 2008, a déclaré qu'il n'était pas présent lors des discussions sur les projets en question au niveau du conseil exécutif. Il a assisté avec quatre autres vice-présidents « à une seule réunion portant sur le dossier de télésurveillance. » Quant au contrôle des opérations financières, il relève, selon lui, de « la division qui réalise le projet. » Pour cet ancien cadre de Sonatrach, « les discussions au sein du comité exécutif étaient libres » et le PDG (Meziane) « n'a jamais tenté d'imposer son avis ».