L'association Mechaâl Echahid a commémoré, hier, le treizième anniversaire de la disparition du défunt Mohamed Lamine Debaghine, l'un des plus éminents représentants de la diplomatie algérienne durant la guerre de Libération. Pour marquer cette date, l'ancien Premier ministre, Rédha Malek, a animé une conférence au centre culturel Larbi-Ben-M'hidi sous le thème « la diplomatie algérienne durant la Révolution nationale ». Rédha Malek, porte-parole de la délégation du FLN aux accords d'Evian, a rappelé que le défunt a entamé son parcours de militant de la cause nationale avec la création du PPA (Parti du peuple algérien) en 1937 en France et qu'il a dirigé quelque temps après son lancement. Une mission qu'« il a pleinement assumée malgré son jeune âge grâce à sa compétence et à sa lucidité ». Rédha Malek a mis en avant le caractère très remarquable de Debaghine, en tant que personne « peu loquace favorisant l'écoute et la discrétion dans tout ce qu'il entreprenait ». « Lamine Debaghine avait un ancrage au sein de la société. Il avait initié de nombreuses campagnes d'inscriptions murales dénonçant le colonialisme. Le but était d'empêcher les jeunes d'intégrer les rangs de l'armée française », se souvient Malek. Et d'ajouter : « Il sera par la suite arrêté par la police française en raison de ses activités au sein du PPA. » Redha Malek a tenu à souligner que Debaghine n'a malheureusement pas laissé de mémoires relatant son parcours. Cela ne l'empêche pas de reconnaître que ce fut un grand homme ayant joué un grand rôle aux côtés de Ferhat Abbas au sein du mouvement indépendantiste Amis du manifeste et de la liberté (AML). Lamine Debaghine était convaincu que seule la lutte armée pouvait mener à l'indépendance. Une position qu'il a d'ailleurs défendue lors d'un congrès des AML, lequel a été dissous par l'armée française le 14 mai 1945 juste après les massacres du 8 Mai 45. Debaghine était l'un des architectes du congrès du PPA en février 1947, à l'occasion duquel l'idée de la création de l'Organisation secrète (OS) a germé. Même s'il était contre le principe électoral, il a fini par devenir député à l'Assemblée française pour défendre la cause algérienne. En novembre 1955, et suite au déclenchement de la guerre de libération, Debaghine a été sollicité par Abane Ramdane pour diriger la délégation extérieure du FLN. Après la constitution du Gouvernement provisoire en septembre 1958, il avait occupé le poste de ministre des Affaires étrangères et réussi à marquer son époque par des positions clairvoyantes. En raison de ses « divergences avec Ben Bella et le groupe de Boussouf », il a fini par démissionner en 1959, a affirmé Rédha Malek, qui confirme que l'homme de l'OS avait toujours lutté pour l'unité nationale. Après l'indépendance, Lamine Debaghine a cessé toute activité politique pour se consacrer à son cabinet médical dans la ville d'El-Eulma.