La salle El Mougar a abrité, lundi dernier, la projection du premier long métrage d'Abderahim Laloui. Ce dernier a surtout réalisé des documentaires dont le dernier remonte à 2013. C'est l'année où a débuté le tournage du film qui s'est déroulé à Sétif et Skikda. « Scène de mémoire », d'une durée de 110 minutes, nous replonge au début de la décennie noire où les espaces de liberté se rétrécissaient au gré des injonctions de la pression islamiste. C'est l'histoire d'un couple dont l'épouse est interprétée par Amel Wahbi. La chanteuse fait sa première apparition sur le grand écran. Son quotidien sert de fil conducteur à ce voyage dans un passé où s'enchevêtraient tourments et douleurs. L'époux, Azzedine (Abdellah Aggoune), est un journaliste qui dirige une équipe de jeunes femmes et hommes épris de théâtre. Dans un environnement hostile, la troupe monte une version de la pièce de Molière « Tartuffe », dont l'annonce de la générale s'avère un défi. Tout se termine par l'assassinat du couple dans un guet-apens tendu par deux jeunes terroristes. D'un rythme lent et souffrant d'une proximité étouffante avec la réalité et du recours abusif aux techniques théâtrales, le film a un mérite. Il interroge cette période marquée par l'intolérance dont les Algériens ont connu les affres avant tout le monde. L'aspect réaliste est accentué par l'utilisation d'images d'archives de la télévision, notamment celles de l'assassinat de l'écrivain Tahar Djaout et la démission en direct du président Chadli. Lors d'une présentation du film, en compagnie de toute l'équipe, dont font partie les comédiens Fawzi Saichi et Mohamed Addar, le réalisateur a reconnu avoir surtout « cherché à préserver la mémoire de cette époque et dénoncer les ravages du terrorisme et de l'extrémisme ».