La création de la première coopérative artisanale de taille de pierres précieuses du Hoggar est le but recherché à travers la mise en place d'une école pilote de formation de formateurs en taille de pierres à Tamanrasset. Piloté par la maison de l'artisanat et lancé au début de 2015, le projet est le fruit d'une coopération entre l'Algérie et le Brésil. Deux groupes de 30 futurs formateurs ont déjà bénéficié de cours théoriques et pratiques, durant trois mois, dans deux modules à savoir la taille de pierres (taille à facette et taille artisanale) et joaillerie et fonte de bijoux. Deux autres modules vont être dispensés à partir du mois de février prochain dans le « Design de bijoux » et « l'artisanat minéral ». « Une fois la formation achevée, tout ce monde est appelé à former la première coopérative artisanale de taille de pierres précieuses dont le siège est à Tamanrasset », a indiqué le directeur de la maison de l'artisanat, Mourad Saïdani. Le choix a été porté sur les artisans de cette ville qui ont une notion de l'artisanat traditionnel. Un atout qui a impressionné les formateurs étrangers. « Les formateurs brésiliens ont été impressionnés par le niveau de la qualité des bijoux et du savoir-faire des bijoutiers locaux même s'ils travaillent de manière archaïque et avec des moyens modestes », souligne M. Saïdani. Le programme élaboré dans le cadre de cette formation prévoit un mois de coopération. Un travail de perfectionnement au Brésil est également souhaité. « Il est question aussi de faire connaître aux futurs formateurs les nouvelles techniques de fabrication de bijoux adoptées ailleurs et comment faire la promotion de ce travail précieux », précise M. Saïdani. A long terme, cette coopérative est appelée à « faire connaître les bijoux du Hoggar dans le monde ». Outre l'apprentissage de techniques modernes, cette formation a introduit l'utilisation de la machine dans l'ouvrage, ce qui donnera un meilleur rendement. « Désormais, au lieu de réaliser 10 objets par jour, les artisans pourront en produire 1.000 tout en sauvegardant le style et les traditions de la région », précise le DG de l'artisanat. La première exposition organisée à l'occasion de la dernière édition du salon international de l'artisanat à Alger a été une grande réussite. Les artisans ont exposé les premiers bijoux faits à base de pierres semi-précieuses. Mais leurs prix de vente ont été jugés excessifs. « Aujourd'hui, nous demandons une aide des pouvoirs publics afin de pouvoir commercialiser nos produits sur le marché algérien », souhaitent les artisans. La concurrence des produits artisanaux d'importation constitue un danger qui menace de disparition cette activité qui vient de naître. « Ces pierres sont fabriquées à partir d'une matière première presque rare et difficile à extraire. Je les façonne et je mets du cœur à l'ouvrage pour les peaufiner et en faire des objets beaux et attirants », indique un artisan qui a pignon sur rue. Posé dans la vitrine, l'article attire les regards impressionnés. « Les gens doutent qu'il soit fabriqué à Tamanrasset. Une fois que j'annonce le prix, ils fuient vite et je les vois aller acheter des produits d'importation, d'une moindre valeur, mais à des prix élevés. C'est vraiment regrettable. Ces attitudes sont décourageantes et ne permettent pas d'avancer », déplore l'artisan. « Avant, nous travaillions manuellement, avec des méthodes très traditionnelles. Ça nous prenait un temps fou et nous faisait perdre beaucoup de matière première. Cette formation nous a permis d'acquérir de nouvelles techniques, très développées. Nous travaillons plus rapidement pour fabriquer des objets modernes », affirme Mohamed Kaoula, bénéficiaire de cette formation, artisan de bijoux traditionnels à Inkouf. Aujourd'hui, il a un regard différent sur son travail. « On maitrise mieux les techniques de la fonte et de la formation d'argent ainsi que l'outillage utilisé pour obtenir de belles formes. Aussi, nous distinguons la bonne matière qu'il faut utiliser pour chaque objet », ajoute-t-il.