L'école-pilote de taille de gemmes, de fabrication et design de bijoux et d'artisanat minéral à Tamanrasset, qui s'inscrit dans le cadre de l'accord de coopération scientifique, technologique et technique entre l'Algérie et le Brésil signé, rappelons-le, à Brasilia le 3 juin 1981, est enfin mise en service. Appelée à devenir un pôle dans le domaine de la gemmologie et de la taille de pierres précieuses et semi-précieuses, l'école est installée au siège de l'Office national de recherches minières (ONRM), sis à Guettaâ El-Oued, à quelques encablures de la ville des Imuhagh. "Le choix de cette wilaya n'est nullement fortuit, explique le directeur de la chambre d'artisanat et des métiers, Saïdani Mourad, mais c'est le résultat des efforts considérables consentis par les représentants des deux pays qui entretiennent des relations diplomatiques datant de décembre 1962. À coup sûr, ce projet contribuera au développement socio-économique de cette région touristique par excellence". Le choix a été consolidé par l'Abragem (Association brésilienne de petits et moyens producteurs de pierres, bijoux et similaires) qui a effectué une visite de travail dans la région, en juin 2007, à l'effet de vérifier les statistiques avancées par le DG des mines auprès du ministère de l'Energie et des Mines d'alors quant aux ressources naturelles et humaines dont jouit Tamanrasset. Après cette expédition, les Brésiliens ont, en effet, confirmé que le massif du Hoggar, connu chez les géologues sous le nom de Bouclier targui, présente beaucoup de similitudes avec les boucliers célèbres dans le monde, tels que les boucliers canadiens, australiens et brésiliens, sachant que 61 indices de pièces précieuses furent mis à l'évidence lors des travaux d'inventaire effectués par l'ORGM de la période allant de 1993 à 1996. Ces indices sont représentés par 19 types de minéraux (béryl, corindon, topaze, piezo-quartz, disthène, spath d'Island, grenat, zircon, fluorite, agate, jaspe, calcédoine et opale, tourmaline, turquoise, quartz rose, néphrite, serpentine, roche à olivine et apatite). En partenariat avec l'Abragem et l'Agence brésilienne de coopération du ministère des Relations extérieures (ABC), le ministère du Tourisme et de l'Artisanat a mis le paquet pour la concrétisation de ce projet dans la perspective de développer un système productif local (SPL) via la création d'une coopérative des artisans à Tamanrasset. Ces derniers bénéficieront ainsi d'une formation de qualité dans le domaine de la gemmologie conformément aux clauses contenues dans l'accord de coopération algéro-brésilienne. "Cet accord, ajoute encore M. Saïdani, porte essentiellement sur la mise en œuvre du projet de transfert de connaissances pour la production de gemmes lapidées, de bijoux et d'artisanat minéral. Les Brésiliens sont ainsi chargés de former des formateurs dans diverses spécialités, particulièrement en ce qui concerne la taille de pierres précieuses, l'artisanat minéral, l'orfèvrerie artisanale, la fonte industrielle et le design de bijoux". En tout, 54 candidats sont concernés par cette formation qui durera 18 mois. Ces futurs formateurs, qui devront prendre la relève et assurer le relais après le départ des Brésiliens, sont appelés à former jusqu'à 540 artisans/an, soit 10 candidats pour chaque formateur. Notons que la sélection des candidats s'est faite sur la base d'un questionnaire diffusé à l'attention des bijoutiers lors des différentes manifestations du secteur et transmis au niveau local par l'intermédiaire des chambres d'artisanat et des métiers. Une commission de sélection des candidatures a été installée pour garantir la transparence de cette opération. Les candidats retenus sont sommés de signer un contrat de fidélité exigeant aux futurs formateurs de transférer, à leur tour, le savoir acquis afin d'assurer un véritable transfert de connaissances. En somme, la mise en place d'une coopérative vise infailliblement la valorisation des pierres taillées par l'échange d'expériences entre les artisans brésiliens et algériens tout en conservant les traditions et coutumes de la population locale ainsi que les richesses culturelles de cette région millénaire. "De nouvelles matières premières seront ainsi mises à profit en plus des gisements existant au niveau local. La mise en place d'une coopérative artisanale au niveau local est en mesure d'apporter de nouvelles techniques de production et de nouveaux designs susceptibles de renforcer le SPL avec pour finalité de produire et de commercialiser des bijoux avec l'utilisation exclusive de la matière première existante dans la région. Cela favorisera inévitablement le développement régional par la promotion du travail en équipe", a souligné notre interlocuteur. L'expérience brésilienne au menu La présentation de l'expérience brésilienne dans l'organisation de l'activité a montré l'importance du projet pour le développement de cette wilaya qui jouit d'une renommée internationale en matière d'artisanat et de tourisme. Les Brésiliens chargés de piloter ce projet ont axé leurs interventions sur le rôle prépondérant de développer un système productif local efficace afin de substituer à l ́importation, de renforcer une main-d'œuvre qualifiée et de promouvoir l'enseignement professionnel et technologique. Ces procédés conduiront, sans nul doute, à l'innovation et au transfert de technologies industrielles nécessaires à élever la compétitivité de l ́industrie tant au niveau national que local. Le service brésilien d'aide aux petites et moyennes entreprises (SEBRAE) qui a fait part de son expérience présentée au centre universitaire Hadj-Moussa-Ag-Akhamouk de Tamanrasset, s'est assigné pour mission de promouvoir la compétitivité et le développement durable des micros et petites entreprises, renforcer l'esprit de l'entreprise et d'encourager la formation d'association et l'organisation de foires commerciales. Pour le SEBRAE, la création d'un SPL de la bijouterie doit comprendre nécessairement l'extraction de minéraux, la taille de pierres, la collection d'objets en pierres et l'industrie de bijoux. A tout cela s'ajoutent les machines et les équipements de production, la conception de bijoux – design et la stratégie de marketing – commercialisation. Pour sa part, le représentant de l'Agence brésilienne de coopération (ABC) a mis en valeur la politique de coopération technique internationale du Brésil et la coordination de toutes les démarches de coopération en provenance de l'extérieur. Les intervenants ont lors de la présentation du Musée de la science et de l'Ecole des mines dans l'industrie de l'artisanat minéral au Brésil, évoqué les normes et procédés légaux adoptés au Brésil dans l'identification et l'homologation des Gemmes. Selon eux, les normes techniques sont élaborées par l'Association brésilienne des normes techniques, seul bureau de normalisation au Brésil. Ce dernier élabore et approuve les normes, par la mise en place de commissions techniques constituées généralement par un représentant des consommateurs, un représentant des producteurs et un membre neutre. "Les normes sont créées pour garantir la production, la commercialisation et l'usage des biens et services dans une dynamique concurrentielle. Elles contribuent au développement scientifique et technologique en protégeant l'environnement et le consommateur", ont-ils souligné. Le geste de l'Abragem Les équipements destinés à la mise en service de l'école-pilote sont collectés et expédiés par l'Association brésilienne de petits et moyens producteurs de pierres, bijoux et similaires (Abragem) avec le concours du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Les équipements sont offerts sous forme de don au ministère du Tourisme et de l'Artisanat. Le matériel comprend un calibreur, des machines à facettes, une machine de coupe, une rectifieuse et un équipement pour la fonderie. Acheminés à Tamanrasset en mars dernier, les équipements ont été montés, en juin 2013, par une équipe d'experts brésiliens en présence des cadres de l'Anart qui ont réalisé le test de vérification. Bientôt une école de taille de pierres à Tamanrasset Le directeur de la Chambre de l'artisanat et des métiers, Saïdani Mourad, a indiqué que l'assiette de terrain devant abriter l'école a été choisie et les plans de masse sont réalisés en fonction des orientations données par les experts brésiliens lors de la réalisation de l'école-pilote. Le projet, une fois terminé, devrait renforcer le système productif local et mettra en relation l'ensemble des acteurs économiques au niveau régional (coopératives familiales, associations d'artisans, agences de voyages et de tourisme, les structures hôtelières, les magasins d'artisanat...). R K Nom Adresse email